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Critique de Chaplum


Comme dans A perte de vue, Amanda Eyre Ward entrelace le destin de plusieurs personnages, ici trois femmes. Karen, jeune noire de vingt-neuf ans, attend son exécution dans le couloir de la mort d'une prison au Texas. Celia, la veuve d'une de ses victimes, ne parvient pas à surmonter sa peine, ni la haine et la colère 5 ans après le drame. Franny, jeune médecin à New-York, s'est trop investie dans le suivi d'une petite fille atteinte d'un cancer. Elle se sent coupable de ne pas avoir pu la sauver et ne sait plus si la vie qu'elle s'est choisie est vraiment ce qu'elle souhaite. Son couple bat de l'aile alors qu'elle est sur le point de se marier. le Texas où elle a grandi lui manque.

Amanda Eyre Ward réussit le difficile pari d'écrire un excellent roman choral sur le thème de la peine de mort, en abordant les différents points de vue, du condamné à la famille des victimes, en passant par les professionnels du milieu carcéral ou les citoyens et les médias, et ce sans jamais tomber ni dans le voyeurisme ni dans le jugement facile. Là où L'arbre des pleurs sombrait dans la facilité et la démagogie, le ciel tout autour présente une réalité brute et sans concession. Karen est coupable des meurtres pour lesquels elle a été condamnée. Il n'est point ici question d'erreur judiciaire. Il en va de même de ses co-détenues. Mais l'auteur nous montre des femmes, avec ou sans regrets, avec des passés difficiles, dont les victimes n'étaient pas toujours forcément si innocentes, ou parfois si. Bref, pas question de se dire ici que c'est injuste. On ne peut qu'avoir une opinion sur des faits, mais dans toute leur globalité, avec le bon et le mauvais. Amanda Eyre Ward présente aussi les victimes, leur colère, ce qu'elles doivent subir au quotidien, la perte de l'être cher mais aussi la prise de conscience que l'exécution ne les soulagera pas ni ne leur apportera la paix. Mais la romancière ne s'arrête pas là et montre que chaque être humain réagit différemment face à ces meurtriers, que ce soit leurs gardiens, leurs médecins, les citoyens pro ou anti peines capitales. Et toujours ces médias assoiffés de sang humain, au point qu'il n'y a plus aucun respect et que les journalistes ressemblent à des vautours qui se repaissent du malheur d'autrui.

J'ai dévoré ce roman en deux jours et j'ai éprouvé un coup de coeur pour ce texte dans lequel Amanda Eyre Ward ne se prononce jamais dans un sens ou dans l'autre face à la peine de mort, même si on peut se douter de quel côté la balance penche. Mais surtout, j'ai apprécié qu'à aucun moment, elle ne porte de jugement sur ses personnages. Elle manifeste un grand respect pour chacun d'eux et cela se ressent. En plus de ça, elle a un réel talent pour décrire la chaleur étouffante du Texas, qui colle à la peau et qui fait suer par tous les pores. Malgré le froid qui s'installe, j'avais parfois l'impression de ressentir l'étouffement et la moiteur ambiante. Un grand texte.


Lien : http://www.chaplum.com/le-ci..
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