AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de PrettyYoungCat


Grande méprise et grande déception que sont pour moi ces Moissons funèbres.

Derrière ce titre mélancolique et un brin poétique, la quatrième de couverture nous promettait de nous parler de "cinq jeunes hommes noirs avec lesquels Jesmyn Ward a grandi [sont] morts dans des circonstances violentes." J'en ai déduit - à tort - que ce livre aborderait le racisme contemporain aux États-Unis (ce que je trouvais intéressant afin d'observer l'évolution réelle (et non officielle) de la conditions des Noirs-Américains depuis l'instauration des droits civiques).

Les médias (JT, films, séries,...) nous font en effet l'écho d'un racisme persistant ayant adopté d'autres formes (notamment, les "bavures" policières régulières) et la résurgence (ou persistance ?) de théories nauséabondes telles celles des Sudistes, ces Blancs de la frange américaine qui boivent leur bière, débraillés sur leur chaise à bascule, avec le drapeau confédéré sur le devant leur maison, une arme à portée de main et qui votent - au hasard - pour des lascars comme Trump).

Mais en fait, l'auteure, au talent littéraire discutable, traite plutôt d'anecdotes qui m'ont paru anodines et souvent ennuyeuses à deux-trois exceptions près, de son enfance et de son adolescence avec ses cousins, amis et frère qui trouveront la mort (une mort prématurée et violente certes), oui, mais sans lien avec les analyses qu'elle en tire. Qu'il s'agisse d'overdose, d'accidents de voiture ou de suicide, j'ai un peu de mal à cerner le lien judicieux avec le racisme au Mississippi début du 21ème siècle... J'y vois plutôt un lien avec la paupérisation de certains états, dont le Mississippi qui compte certes un pourcentage non négligeable de Noirs-Américains. Et de ce statut socio-économique précaire, l'auteure nous parle de l'errance, de l'oisiveté, de la misère sociale où le crack (la cocaïne du pauvre, moins chère et qui rend plus vite accro) se fume et se deale pour se faire de l'argent facile, de l'alcool et de l'herbe pour se distraire du désespoir d'atteindre un avenir meilleur, tout en adoptant un fatalisme résigné qui les pousse à l'inertie et à la vacuité.

L'auteure a tendance à différencier les chances de réussite des hommes et des femmes pourtant logés à la même enseigne, alors que sa mère a trimé toute sa vie pour nourrir ses quatre enfants et qu'elle-même a été à l'université, preuve s'il en est qu'en voulant s'en sortir elles y sont arrivées.
Tandis qu'à l'image de son père : un homme absent, volage, violent, immature, oisif et autre qualités
et son frère - décédé donc, je lui concède de lui trouver des excuses car le souvenir d'un être cher l'auréole toujours de compréhension tolérante - qui poursuivait la même mauvaise pente que son père
la vie, l'avenir étaient plus difficiles...

Cette victimisation, de manière générale, de la part de l'auteure et l'analyse ratée à mon sens qu'elle tire des éléments de sa vie et de celle de son entourage m'ont agacée. Je pense que Jesmyn Ward s'est trompée de sujet. Elle voulait - je pense - faire un livre souvenir, rendre hommage à la mémoire de ses amis, cousins et surtout son frère et aurait dû s'en tenir là. Les statistiques qu'elle donne en fin de livre comme pour légitimer son propos tombe à côté selon moi et ne viennent rien étayer de ce qu'elle écrit.

Ne vous méprenez pas, je suis bien consciente qu'une injustice subsiste à l'égard des Noirs-Américains et c'était même pour moi tout l'intérêt du livre (du moins de ce que j'en avais imaginé), mais ce n'est pas ce que vous y trouverez, puisqu'il se "limite" (ce qui peut être très bien en soi) à un récit biographique mais qui personnellement ne m'a pas touchée.

Commenter  J’apprécie          320



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}