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Critique de Syl


"C'était il y a quarante ans…" David se souvient.
Douze ans en 1948 dans le Montana, l'âge tendre de l'enfant qui n'a pas encore fait les armes de l'adolescence.

David Hayden est le fils du shérif de Mercer Country et habite à Bentrock, le chef-lieu du comté. Cette petite ville compte moins de deux mille habitants. A la limite des frontières du Canada et Nord-Dakota, la terre est dure, improductive, pierreuse, aux prises du vent tous les jours de l'année, de la canicule l'été et de la neige l'hiver.
Avant que les colons n'arrivent, les territoires étaient occupés par des indiens, des Sioux, des Cheyennes, des Arapahos… Leur canton, à présent, est une zone broussailleuse que l'on appelle la réserve Fort Warren.

La famille Hayden est un clan très estimé. le grand-père de David a été toute sa vie le shérif de Mercer. Son autorité et son pouvoir s'étendaient sur tout le pays et à présent, l'homme est un patriarche respecté et écouté. Il a eu deux fils. L'un, le père de David, est le nouveau shérif, diplômé de l'université de droit, il a succédé à son père. le deuxième fils, Franck, est médecin, mais aussi grand héros de la guerre de 40 et médaillé. Tous deux sont restés aux pays.

La mère de David, travaillant au greffe du tribunal de la ville, se fait aider à la maison par Marie Little Soldier, une jeune indienne d'une vingtaine d'années, de la tribu des Sioux Hunkpapa, qui loge avec eux. Marie est adorable. Elle est joyeuse, éloquente et très énergique. Elle s'occupe des tâches ménagères, de la cuisine mais aussi elle reste très disponible pour David. Camarade et complice, elle aime lui raconter des histoires et plaisanter avec lui. L'affection entre les deux est fervente et sincère.
"Je l'aimais parce qu'elle me parlait, parce qu'elle me prêtait attention. Parce qu'elle était plus vieille que moi, mais pas trop. Parce qu'elle n'était pas insipide et conformiste comme tous les adultes que je connaissais. Parce qu'elle m'attirait, même si mon amour pour elle restait chaste, comme c'est souvent le cas à cet âge-là."

Un jour, David s'aperçoit que Marie est restée toute la matinée dans sa chambre. Essayant par le trou de la serrure de l'entrevoir, il distingue la forme de son corps sur le lit. Aussitôt, il avertit sa mère qui va se rendre compte de l'état de santé de la jeune fille.
Marie a de la fièvre, elle tousse beaucoup et cela n'a pas l'air d'être un simple rhume. La seule chose à faire et d'appeler le médecin. A cette idée, Marie rentre dans un délire et s'énerve, priant et suppliant de ne pas contacter le docteur Hayden. Mais la décision est prise. Elle risque de souffrir d'une pneumonie…
" – Il y a chez nous une jeune fille indienne qui est malade, Franck. Gail voudrait savoir si tu peux passer. Il y a autre chose, Franck, cette fille n'a pas envie de te voir. Elle affirme qu'elle n'a pas besoin de docteur… Je suppose qu'elle n'en a jamais vu et qu'elle a toujours été soignée par le guérisseur de sa tribu.
Je ne me rendais pas compte si mon père était sérieux ou s'il plaisantait.
Il raccrocha.
– Franck dit qu'il fera peut-être une petite danse autour du lit et que, si ça ne donne rien, il ira même jusqu'à jouer du tambour…"

Est-ce que Marie serait superstitieuse ? Accorderait-elle plus de confiance à un guérisseur indien qu'à un médecin blanc ? Serait-elle trop pudique ? Autant de questions qui laissent David et ses parents surpris et perplexes.
Mais peu de temps après la réponse viendra, dans un refoulement nauséabond de honte, d'injustice, de discrimination, d'abus et de cruauté … Elle causera des dommages irréversibles et hantera les âmes de la famille. David, en cette fin d'été, verra l'unité familiale éclater et toutes ses illusions enfouies sous les décombres de l'innocence.

Un très bon roman. Sur la quatrième de couverture, une critique dit :
"Montana 1948 est un brillant exemple d'une oeuvre littéraire qui montre comment une vérité qui dérange est préférable à un mensonge qui rassure. On lit ce livre avec autant d'avidité qu'un roman policier, mais quand on l'a terminé, on se retrouve plus riche de choses essentielles." David Huddle, président du National Fiction Prize.

A travers les yeux de David, nous voyons une région sauvage, âpre. Les hommes ont essayé de la domestiquer, mais ce sont leurs coeurs qui se sont endurcis. En toute impunité, certains se sont octroyés des petits royaumes. Un zeste d'éducation, une pincée d'autorité, beaucoup de charisme et de despotisme, ils deviennent des dominants et parfois des prédateurs. Il y a les faibles et les forts, une race supérieure et une ethnie, une engeance inférieure. de père en fils, ils transmettent leur emprise. Il faut du courage et une conscience pour se dresser contre cette ascendance et se mettre au service des minorités. Même si la raison est biaisée… Dans cette histoire, ce n'est pas qu'une lutte contre le racisme, mais un combat pour la justice.
Un très bon western.
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