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Citations sur Les brasseurs de la ville (20)

Quand je descends en ville, je suis toujours impressionnée. On n'explique pas Port-au-Prince. On vit Port-au-Prince. Je n'ai jamais vu quelqu'un s'habituer à cette ville, elle impressionne toujours. Pour moi, Port-au-Prince est un cri de douleur. L'accouchement de la vie y est un film d'horreur où les acteurs croient que tout est normal. Comment dire Port-au-Prince ?
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Le pasteur l'a toujours dit : "La route étroite est difficile, mais elle mène vers Dieu. Je vais vers Dieu, c'est mon salut. Quoi qu'il m'en coûte. Je continuerai à porter des marchandises venues d'un peu partout à travers le pays. Je porterai tous les sacs du monde, remplis de vies de gens que je ne connais pas, que je ne connaîtrai jamais et qui n'en ont rien à foutre. Et quand le chantier sera ouvert de nouveau, je serai là pour brasser le béton. Travailler, c'est ma liberté. Je ne veux pas de l'argent du bourreau de ma fille. Je ne saurais me nourrir du sang de mon enfant. Je veux continuer à vivre, c'est ce que je sais faire, ce que j'ai toujours fait. Travailler pour mériter le respect de mes fils, pour sentir que je suis encore un homme et non un légume, un irresponsable qui vend sa fille au diable pour son confort.
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"Je te conseille de te secouer un peu, jeune homme. Le travail, il faut le prendre et non le chercher.
- Comment ça ? s'étonne Duplessis.
- Tout le monde ici se débrouille, nous avons tous une famille à nourrir, des parents qui comptent sur nous, des proches dans la misère. Le soir, il faut rapporter un peu d'espoir et ce n'est pas en passant son temps à déposer des CV qu'on y arrive. Fais travailler ton intelligence, prends d'assaut un bureau d'Etat, ouvre un commerce, trouve-toi une femme riche ou une diaspora, vends ton âme, mais merde, grouille-toi, arrête de te plaindre ! Offre-toi du travail !
- Il faut être sans scrupule pour faire ça !" s'indigne Duplessis en grimaçant.
Les marchandes de la Croix-des-Bossales ne peuvent plus se retenir, elles laissent partir un long "Hé ! Heeeey !" en choeur pour se payer la tête du pauvre Duplessis. Tout le monde rigole. Même le vieux pépère, qui affirme :
"De mon temps, un jeune bien portant, avec autant de prestance et de connaissances que toi, était fait ministre par le gouvernement. Mais depuis qu'on a importé le chômage...
- Papy, ne parle pas de chômage, coupe le magouilleur. Je déteste ce mot. Le chômage est une institution fantôme ici, c'est une invention électorale. Si nous travaillons, nous n'aurions pas le temps de voter."
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Il n’y a aucun embouteillage, aujourd’hui. Cela tient du miracle. Le chauffeur file sur Martissant, gros bidonville de Port-au-Prince. Les vieux en parlent comme de l’ancienne Cité du Plaisir. C’était le lieu de villégiature préféré de la bourgeoisie à une époque. Les plages, les vues sur la mer, les bars, les night-clubs, les bordels, les filles, les artistes, la drogue, les affaires… On trouvait de tout à Martissant. Aujourd’hui, c’est un ensemble de blocs de ciment et de béton qui ont poussé comme des champignons. C’est la boue où semblent coller ces maisonnettes en escalier ; l’eau sale où s’assoient les marchandes de charbon de bois, de fruits et de légumes ; l’horreur appariée de la violence des jeunes gangsters de Grand’Ravine, aveuglés par la drogue, la faim et le désespoir.
Night Nurse à la radio. Une musique tendre qui donne la chair de poule, comme une caresse. Hier tu m’as fait l’amour et j’ai pleuré. Ton dos est malade de misère. Nous allons de mal en pis. A l’image de Port-au-Prince.
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Parfois, si je ne me donnais pas au voisin, la chaudière ne monterait pas le feu.
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Les lauréats en classe ne sont pas toujours les lauréats dans la vie. Il y a toujours la naissance. De quel côté de la vie as-tu poussé ton premier cri? Voilà la différence .
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Travailler, c'est ma liberté. Je ne veux pas de l'argent du bourreau de ma fille.
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Tout ici est une question de couleur. Dis-moi quelle couleur tu portes, je te dirai qui tu es. …. Ma mère portait joyeusement une chemise trop large à grosses fleurs rouges sur une jupe longue à petites fleurs jaunes ou un pantalon vert. C'était le seul moyen de colorer sa vie. Depuis, nous sommes arcs-en ciel.
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Ce brouhaha qui vient vers vous est un brouillon où se mêlent les humeurs, les blagues, les commérages, les marchandages, les pensées noires, les pensées grises, les expressions de joie, de peine, de doute ou de saisissement, les cris d’enfant, les chants religieux, les klaxons de voitures, les cliquetis de je ne sais quel métal, les plaintes amoureuses, les rots et les pets de toute une ville. La rumeur grossit à mesure que vous approchez, ça gonfle, ça s’enfle, comme une rivière en crue, ça gronde de tous bords et vous frappe en pleine visage avant de vous absorber. Alors là, vous êtes dans l’œil du cyclone. Curieusement, il n’y a plus de bruit. Vous êtes calme, à peine si vous entendez vos voisins. Vous êtes en plein marché Croix-des-Bossales. Au cœur de Port-au-Prince !
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Le surdosage de l'information est le remède contre les révoltes. Sinon, comment expliquer toutes ces stations de télévision? Plus de 50% d'entre elles sont contrôlées par le même groupe et pourtant elles diffusent des informations différentes.
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