Le papillon de papier

C'est léger comme un thé vert, acidulé comme une sauce piquante pour rouleau de printemps, grinçant comme le pipa. Il y a tous les morts de la Révolution culturelle et de la place Tian'anmen ("porte de la paix céleste" pour les non-initiés) qui s'envolent en un papillon de papier dans une exquise politesse asiatique tout sourire, et les victimes collatérales, ceux des camps de travail, les chômeurs, qui essaient de survivre. Cette charmante et agréable chinoiserie se lit en quelques jours tout en nous documentant sur la vie quotidienne dans la Chine actuelle. Bien écrit, jamais ennuyeux, ce livre se savoure en douceur : rien d'inoubliable et pourtant beaucoup de choses très intéressantes qui devraient théoriquement faire frémir : "Deux bannières rouges étaient suspendues sous l'arcade. L'une portait l'inscription "Au service du Peuple"; l'autre proclamait "il est glorieux d'être la police du peuple". Dessous, on avait affiché les photographies de tous les policiers du commissariat, par ordre alphabétique. Leurs vingt visages arboraient de larges sourires."