Tu ne doutes jamais, toi. Tu crois à la vie, à l'amour, et surtout à l'espoir. Etre avec toi, c'est comme un bain de soleil, ça me donne envie de réduire mes démons intérieurs au silence. Mais ils sont là, et ils m'épient la nuit. Je tremble de peur, sans même savoir pourquoi.
Son compagnon lui saisit le bras. "Il n'y a pas d'esprits. C'est de la superstition. Les communistes ne t'ont donc rien appris ?
- Tu dis ça, mais alors à quoi servent les oreilles de cochon que tu suspends à ta porte ? Ose me dire que tu ne crois pas aux démons ", répliqua Gros Papa Liu
Le bruit de la mer, grand-père, se rappelait-il lui avoir écrit, est comme une chanson. Certains l'entendent. D'autres la sentent. Beaucoup s'en souviennent.
Sa dernière conversation avec Lin lui revint à l'esprit. Elle l'avait interrogé sur la signification du papillon de papier. Il avait répondu doucement : "Il vous guide dans l'autre monde. Il vous conduit aux portes du paradis."
Je suis un peu inquiet, mais je ne crois pas tout ce que racontent Grand-Papa et nos voisins. Tout de même je me demande si notre jeunesse ne nous a pas rendus trop optimistes. Nous savons tous ce qui s'est passé pendant la Révolution culturelle, nous savons que des vies ont été impitoyablement écrasées. J'ai perdu mon père et ma mère dans cette tourmente. Nos espoirs sont irréalistes. Nous rêvons de notre propre grandeur. Imagine que les étudiants l'emportent
. Que ferons-nous ? Sommes-nous capables de diriger un gouvernement ? De reconstruire la Chine ? Nous n'avons que vingt ans.La Révolution est une chose, la production en est une autre.
"Lu a raison, dit Ling Bai à Mei, la bouche pleine de millefeuille. Il faut oublier le passé et aller de l'avant. N'emporte pas avec toi ce qui n'est plus. Apprends à pardonner."