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Critique de PatrickCasimir


J'ai déjà indiqué combien j'admire ce philosophe révolutionnaire, ayant évolué vers une sorte de mysticisme chrétien et qui a conformé sa vie à une pensée exigeante d'une rare élévation.
Avec une lucidité extraordinaire, prophétique diront certains, je rappelle que nous sommes en 1934, elle écrit et publie dans une modeste revue ce texte qui sera admiré par certains et vilipendé par d'autres, même aujourd'hui, y compris sur ce forum (je renvoie à la critique de notre ami Tiephaine).

Il reste que pour moi, nous sommes en présence d'un très grand texte à la fois politique et philosophique. Partant d'une critique de la conception de Marx qui ramène l'oppression, selon elle, aux seules exigences du capitaliste soucieux, avant tout, de confisquer la plus-value du travailleur asservi, SW estime que l'oppression déborde la volonté du capitaliste pour trouver sa véritable cause dans l'organisation de toute société.

La bureaucratie, la lutte pour la conservation des privilèges, la lutte entre puissances rivales pour maintenir leur influence ou pouvoir, voilà les causes de l'écrasement des plus faibles, mais aussi de l'oppression qui pèse sur les classes dominantes qui sans cesse se battent entre elles pour le pouvoir en ralliant à leur cause les dominés qui espèrent avoir leur part à la victoire du leader auquel ils se rallient.
Evidemment, ils se rendent vite compte de la tromperie dont ils ont été l'objet. L'exemple le plus frappant est la révolution d'octobre qui n'a en rien apporté la liberté à la classe ouvrière russe, devenue esclave d'un Etat bureaucratique et totalitaire.

Toute sa démonstration vise à considérer que l'oppression sociale est, en quelque sorte, dans la nature des choses, dans la nature de toute organisation sociale quelle qu'elle soit. Car cette organisation qui va se complexifiant à mesure de l'évolution des sociétés, a besoin d'une division du travail, d'une définition des modalités de la production, et par conséquent d'une coordination par des responsables qui se voient octroyer ou qui se l'octroient, l'autorité, les moyens de cette autorité, les instruments propre à l'obéissance, et à l'asservissement.

Et une telle organisation qui ne va pas sans privilèges et sans lutte pour conserver ces privilèges, annihile toute liberté du travailleur, le happe, le broie, l'asservit aux machines destinées à développer la production, et à étendre l'entreprise capitaliste, qui s'inscrit désormais, non pas dans une perspective individualiste, mais dans un réseau connivent de l'Etat, de l'argent, du développement des marchés militaires, etc.

Rien, en définitive, qui concerne le bien-être et la libération des travailleurs. Ils en arrivent à ne plus pouvoir penser, la pensée, la capacité de réflexion, voilà les grandes absentes de l'organisation sociale moderne oppressive.

Les opprimés auront beau faire la révolution, invariablement, ils prendront en leur sein, pour les porter au pouvoir, ceux-là mêmes qui au lendemain de leur intronisation, mettront en oeuvre les modalités d'une oppression nouvelle...

Et les médias, comme aujourd'hui, leur proposeront du prêt-à-penser.

Constat lucide, que l'évolution des sociétés et des Etats, partout dans le monde, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, n'a jamais démenti. Bien au contraire.

Voilà pourquoi cette révolutionnaire n'a plus cru en la révolution libératrice de la classe ouvrière, et plaidait pour une science du fonctionnement social permettant de comprendre comment et pourquoi apparaît l'oppression au sein de toute organisation sociale.

Pat.
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