Ce roman, fondateur du genre, est l'archétype même de l'histoire de voyage dans le temps. Presque tout le monde en a vu l'une des très nombreuses adaptations.
Le narrateur raconte avoir vu notre protagoniste utiliser sa machine à voyager dans le temps pour explorer le futur, revenir par raconter ce qu'il a vu, puis repartir pour ne jamais revenir. (C'est très d'époque et beaucoup des histoires imaginaires de Wells utilisent ce procédé de narrateur qui raconte un récit de seconde main pour donner un air de crédibilité à l'intrigue.)
Au-delà de la simple aventure, Wells raconte ici une histoire anthropologique qui mêle habilement lutte des classes et darwinisme.
Notre voyageur temporel, donc, voyage des milliers d'années dans le futur où il rencontre nos descendants, les Eloïs, des êtres aux jolis traits enfantins, un peu idiots, qui passent leur journée à jouer. Qu'est-ce qui a bien pu leur arriver?
Puis l'on comprend que nos descendants sont menacés par les Morlocks, créatures qui sortent la nuit pour les chasser et les manger.
Il s'avère que les deux races sont en fait nos descendants, qui ont simplement évolué jusqu'à ne plus rien partager de commun. Les Eloïs sont les descendants de nos aristocrates/bourgeois. Des gens qui, génération après génération, se sont reproduits entre eux en vivant une vie aisée, sans souci ni labeur, perdant peu à peu la capacité de réfléchir et de subvenir à leurs propres besoins, tout habitués qu'ils sont d'être servis.
Les Morlocks, au contraire, sont les descendants des classes ouvrières, sans accès à des soins de santé ou à la moindre éducation. Ils ont travaillé dans les mines et les usines au point d'en perdre leur humanité et de ne même plus être capable de regarder la lumière du soleil. Ils vivent dans le monde souterrain et chassent à la surface la nuit. Il est tout de même sous-entendu que c'est le travail souterrain qu'ils persistent à faire depuis des siècles, par habitude, qui rend le paradis des Elois possible.
Bref, tout cela est très bon, j'adore Wells. Mais il faut tout de même noter que vers la fin de sa vie, il défendait ouvertement l'eugénisme, ce qui pourrait nous pousser à faire une lecture moins charitable de ce roman.
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