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Critique de fanfanouche24


Déniché cet album d'une jeune photographe, qui rompt avec ses travaux
et reportages habituels, grâce à un article lu dans une revue de Beaux-Arts...
Accumulant depuis fort longtemps de la documentation sur l'isolement et les solitudes, sous toutes ses formes... cette rencontre insolite de cette bretonne, éprouvée par l'existence, et vivant, comme coupée du monde
ne pouvait que m'intriguer et m'intéresser...

Très bel ouvrage relié, avec une mise en page soignée et fort bien étudiée:
les clichés sont mis en valeur , présentés soit en pleine page, soit sur double page, sans légende... pour faire travailler notre oeil, et notre imagination de"lecteur" , j'imagine ? !!...
[ Les légendes de la photographe se trouvent en fin du livre,en français et en anglais]

Ces photographies me bouleversent à plus d'un titre, de par leur simplicité, la force des portraits dans les scènes d'un quotidien âpre mais aussi parce qu'ils me ramènent à "ma Bretagne", et surtout à ma petite grand-mère, qui
vivait dans un décor des plus sommaires et démunis, avec toutefois la fantaisie et l'oeil malicieux de ma "mémé"...qui m'éclaire encore aujourd'hui ....
L'extraordinaire de ce clichés est que la poésie, et la force des expressions, d'un regard, tient aux extrêmes contrastes... Dans une même prise, il y a une large part de nuit, d'obscurité qui fait exploser , chaque fois un petit point de lumière, de magie...

Je me permets de transcrire 3 passages :deux extraits de la photographe, qui explicite sa rencontre avec "Marie-Claude", son anti-héroïne", ainsi que ce "reportage" exceptionnel d'empathie et de sensibilité... le deuxième extrait qui suivra celui-là concernera une partie des "remerciements", qui n'a pas manqué de me toucher et de me faire sourire !!

"Je suis tombée sur Marie-Claude en rentrant de Lybie, au bout d'un chemin sans issue dans un lieu-dit perdu des monts d'Arrée bretons en avril 2014. "Tu viens voir mes poupées ? " me lança-t-elle, en m'indiquant mon chemin. Dans sa maison de bric et de broc, je découvre un monde que je ne quitterai plus. Qui me hante et m'emplit de joie à la fois. Cette vieille dame de soixante-quinze ans, cette ancienne bûcheronne, pêcheuse et couturière attachante et effrayante me touche, me parle de moi et qui ne veut pas s'éteindre.
Elle me montre que tout persiste et que rien ne s'éteint. Comme ma grand-mère, vieille mais rebelle. Elle n'a jamais eu d'enfants et me fascine pour cela, moi qui en ai perdu ou chassé, qui résiste (peut-être) à l'appel
de la féminité. Est-elle femme ? Est-elle enfant ?
Est-elle folle ? Suis-je folle ? Autour d'elle, tous la fuient. Sa particularité, son caractère. Elle n'a jamais suivi les rails, les règles de la communauté. Une marginale. Un peu comme moi, parfois. Un peu comme nous tous
en fait, sauf que certains n'osent pas. "(p. 93)


"Remerciements....

Et Finalement Marie-Claude pour sa beauté d'âme et son franc-parler. Pour avoir partagé sa fantaisie comme ses aspérités. Elle m'a tout montré, sans choisir un côté. Mais surtout je voudrais la remercier d'avoir arrêté de pisser dans le café !
A ma mère. A ma grand-mère" ( p. 99)

Une publication , et surtout une grande qualité du REGARD à ne pas manquer:

"Suis-je simplement celle qui arrive dans sa vie ? Ne puis-je donc jamais être celle qui observe ?
Suis-je arrivée trop tard ? Vit-elle ses histoires qu'elle me raconte, assise dans son salon ?
Ou en vit-elle d'autres ? Se souvient-elle parfois ? Sait-elle qui elle est, qui elle fut: ce qu'elle est devenue ? Ermite, sorcière, vieille folle, korrigan ou petite grand-mère. La voici "(p. 93)

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