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Critique de Pois0n


Vous savez quels sont les livres que je préfère ? Ceux qui permettent de voyager sans quitter sa couette. Tant qu'à choisir un décor particulier, autant l'exploiter ; pourquoi envoyer ses personnages à l'autre bout du monde si c'est pour ne rien montrer de leur destination ? Évidemment, dans le cas des romans sériels d'Harlequin, l'exercice est plus périlleux qu'ailleurs : caser du paysage, des personnages et une histoire en 154 pages requiert un sens du rythme à toute épreuve et tous les auteurs n'y parviennent pas. Sally Wentworth, elle, a relevé le défi avec brio et « Étrange héritage » peut se vanter d'être un de ces rares livres qui dépaysent vraiment.

Direction le Tyrol donc, avec la montagne, les champs de fleurs, les vaches, les chalets traditionnels, le château de contes de fées. Sans oublier un petit détour par Vienne et le lac de Constance ! Si Laurie n'est pas à proprement parler en vacances, Max se charge dès le début de l'histoire de lui faire faire du tourisme, et à nous avec. Mais même lorsque les personnages restent à domicile, le descriptions bucoliques de la nature environnante se chargent de nous emmener auprès d'eux, sans pour autant jamais être trop longues.
Dit comme ça, on pourrait penser qu'ils n'ont pas grand-chose à faire... et c'est un peu le cas : les rénovations de son chalet ne dépendent pas que de Laurie et celle-ci n'a souvent d'autre choix que de se plier aux aléas extérieurs : météo capricieuse, ouvriers surbookés... autant en profiter pour découvrir la région.

Parlons-en, des personnages : en se concentrant sur leur caractère ainsi que leurs faits et gestes plutôt que leur passé, l'autrice est parvenue à les rendre très vivants et les développer sans avoir besoin de s'éloigner du déroulement de son histoire. Un peu comme quand, dans la vraie vie, on se fait de nouveaux amis : on traîne ensemble, on s'entend bien, on découvre au fur et à mesure des bribes de parcours, sans se farcir une biographie complète sortie de nulle part. Il est donc logique que les amis de Max paraissent un peu transparents, puisque Laurie ne traîne pas beaucoup avec eux et ne parle pas la langue, se retrouvant exclue de la plupart des conversations. A l'inverse, impossible de ne pas s'attacher à Rudi, le neveu de Max, qui suit Laurie partout en compagnie de Prinz, son chien ; ou à Anna, la mère de Max, qui tient souvent compagnie à son invitée.

Côté histoire, pas de mystère, on est en présence d'un scénario simple mais bien exécuté. Laurie ne sait pas quoi faire de son chalet, hésite à faire confiance à Max sans pouvoir s'empêcher de le trouver sympathique ni oublier de se chamailler avec, offrant aux lecteurs des dialogues assez piquants à l'occasion. le reste ? du tourisme, du tourisme et encore du tourisme. Mais pourquoi irait-on chercher midi à quatorze heures quand on est en présence d'un truc qui se lit aussi bien ? D'autant que les rebondissements ne manquent pas, à défaut d'être tous réussis. Globalement, le livre est assez prévisible (notamment toute la sous-intrigue concernant Katrina), mais on lui pardonne aisément tant ça se lit bien.

Ceci dit, le bouquin n'est pas parfait. Il faut tout de même composer avec un aspect très déplaisant et agaçant de Max : le paternalisme. Max a tendance à traiter Laurie, pourtant adulte, en enfant, et à l'appeler « petite fille » à tout bout de champ. C'est ultra gênant et le paroxysme est atteint avec une histoire de robe trop décolletée et de fessée. Malaise.
Dans le même ordre d'idée, Laurie est officieusement promise à un autre et si, au début de l'histoire, on suppose que le fiancé en question va lui faire une crasse pendant qu'elle est absente, il n'en est rien : Richard est un gars tout à fait respectable dont la storyline est d'ailleurs bouclée avec brio, et la personne volage qui s'amourache de quelqu'un d'autre, c'est bien l'héroïne... Encore heureux qu'elle culpabilise et se montre franche avec lui, mais reste que... c'est pas cool, et ça apporte une pointe d'amertume à une lecture qui aurait été encore plus chouette sans ça.
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