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Critique de Aline1102


Nous sommes à la veille de la dernière bataille du roi Arthur, au cours de laquelle il devra affronter Mordred, son fils incestueux. le roi légendaire est un vieil homme fatigué et découragé.
C'est alors que Merlin apparaît. Il décide de terminer l'éducation d'Arthur en lui parlant de politique et même de philosophie. Afin de parfaire les connaissances d'Arthur, Merlin n'hésite pas à le transformer en divers animaux.


J'ai adoré découvrir ce court roman de T.H. White. Court ? Oui, car l'ouvrage compte à peine 137 pages. Mais c'est normal, en ce sens où il s'agit (comme indiqué sur la couverture) d'une conclusion à The Once and Future King, le roman de T.H. White consacré à la légende arthurienne. Après L'Enchanteur, de René Barjavel, je reste donc dans la même ambiance.
Au début de l'histoire, on s'attend à un conte de fées, à quelque chose d'envoûtant, dans la lignée de L'Enchanteur de Barjavel, justement. Mais après quelques pages, on se rend compte que l'on lit un texte bien plus sérieux et peut-être plus sombre. Barjavel ne fait pas preuve de légèreté, loin de là, mais T.H. White utilise The Book of Merlyn pour faire passer certaines de ses idées.
Les transformations d'Arthur, par exemple, servent à expliquer au vieux roi les différences fondamentales entre les différents animaux et l'homme ainsi que la distinction entre le bien et le mal. Pour Merlin, l'homme est le plus cruel des animaux, tuant pour son plaisir et sacrifiant la vie de ses semblables sans aucun remords ; alors que les animaux ne tuent que pour se nourrir ou se défendre. Tout au long de l'histoire, Merlin semble avoir une bien piètre opinion de l'homme et de sa passion pour la guerre.
Car chez White, Merlin voyage à travers les siècles et il a donc connu de nombreuses guerres. The Book of Merlyn a été rédigé durant la Seconde Guerre mondiale (il fut proposé par White à son éditeur en 1941, mais la maison d'édition a refusé de le publier à cause de la pénurie de papier). Et cela se sent. Merlin semble très pessimiste quant à l'avenir de l'humanité. Un peu comme s'il était le reflet de l'écrivain qui lui a donné vie, lequel craignait ce conflit mondial.
Ainsi, le monde des fourmis et celui des oies (Arthur est changé en fourmi et en oie par Merlin) sont lugubres et inquiétants. La société des fourmis m'a semblé tout particulièrement désespérée. Les fourmis ne pensent plus par elles-mêmes et sont devenues des automates au service d'une cause qu'elles ne comprennent même pas.
The Book of Merlyn explore les recoins sombres de l'humanité. Certains passages du roman sont donc très philosophiques, mais toujours abordables et faciles à comprendre. Car White est aussi un excellent conteur et n'oublie pas le caractère « magique » de son personnage principal, Merlin. Ce dernier fait plus d'une fois preuve d'humour (je me rappelle particulièrement du début de l'histoire, où Merlin avale sa barbe), ce qui allège quelque peu ses réflexions sur l'être humain, qu'il décide de rebaptiser Homo ferox, homme cruel.
Bien plus qu'un récit agréable et instructif, The Book of Merlyn est aussi merveilleusement illustré. Les dessins de Trevor Stubley sont magnifiques et mon préféré reste celui de la réunion de Merlin et Arthur avec divers animaux (blaireau, hérisson et chèvre, notamment).
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