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Critique de Enderlion


Le 22ème siècle.
La Terre a gardé les stigmates d'une guerre éclair ayant opposé les multinationales des orbitaux aux natifs de la planète.
Ancien pilote de delta, Cowboy est un mercenaire arpentant les routes des contrebandiers à bord de son panzer, un engin de guerre avec lequel il ne fait qu'un.
Sarah, elle, est une crade, une paumée mettant ses compétences d'assassin au service du plus offrant dans le seul but d'obtenir, pour son frère et elle, deux billets pour l'espace.
Tous deux sont cybernétiquement augmentés. Autrement dit, câblés.
Tous deux vont lier leur destinée pour affronter un puissant consortium et livrer ainsi une nouvelle guerre...

Câblé est un bon livre, mais un livre exigeant, faisant appel à toute l'attention du lecteur. En effet, dès les premières pages, la lecture demande beaucoup d'implication tant le style de l'auteur est visuel, sensitif, incisif. La narration - particulièrement cette avalanche de sensations - est assez déstabilisante et pourrait paraître excessive pour certains. C'est comme si l'auteur écrivait les nerfs à vif. Si, pour ma part, cela m'a un peu perturbé au début, ça n'a pas mis un frein à mon désir de poursuivre la lecture. Bien au contraire, l'ambiance cyberpunk est là, bien présente, bien prégnante, suffisamment lourde pour peser dans la balance en la faveur des fans du genre. On y est, on y vit dans ce futur pourri, dans cette société techno délabrée où l'humain a perdu son âme. Ça fait même peur car on y va, nous autres, petits bipèdes, on a déjà un pied dans le chaudron, on file droit dans le mur de cette déshumanisation. Et l'auteur, que ce soit par le verbe ou par l'image, parvient à nous y intégrer, à nous implémenter à son récit. En ce qui me concerne, j'y ai cru à fond. Mes références aidant (Blade Runner et Ghost in the Shell en tête), j'ai automatiquement comblé les brèches laissées par l'auteur qui, pour le coup, a fait totalement confiance aux lecteurs. Ce qui est gonflé de sa part dans la mesure où, le roman étant sorti en 1986, le cyberpunk en est alors à ses balbutiements...

Mais si Câblé est un roman extrêmement riche, il n'en est pas moins épuisant. Sa richesse est autant une qualité qu'un défaut. Une qualité, la plongée dans le monde anxiogène proposé par l'auteur étant hyper sensible ; un défaut, le style sans concession rendant complexe la compréhension de certains éléments clés de l'histoire. Il faut avoir les nerfs solides pour assimiler sans ciller les innombrables composantes techniques, géopolitiques et surtout économiques que l'écrivain nous assène sans ménagement tandis qu'il déroule sous nos pieds le tapis d'une intrigue pourvue d'enjeux finalement assez convenus. Nous suivons les personnages dans une aventure palpitante certes (les scènes d'action sont à couper le souffle) mais qui laisse des marques (on ne comptera pas les impacts de balles (sic !)) de fatigue. Difficile de ne pas se casser la gueule, certains lecteurs pourraient céder aux sirènes de l'abandon sans qu'on en vienne à les blâmer. Ce n'est pas que le livre est pénible à lire, loin de là ; il est juste écrasant. Il appelle d'ailleurs à une seconde lecture pour une meilleure appréhension du monde dépeint par l'auteur.

Véritable cyber western dynamique et marquant, Câblé n'en demeure pas moins un excellent roman ; une oeuvre visionnaire digne de figurer au panthéon du cyberpunk.
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