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Critique de Isidoreinthedark


Calme plat est un roman de Charles Williams paru en 1963, dont les éditions Gallmeister viennent de publier une nouvelle traduction de l'excellente Laura Derajinski.

Ingram, navigateur expérimenté d'une quarantaine d'années passe une lune de miel de rêve avec son épouse Rae à bord de son voilier le Saracen, en se dirigeant doucement vers Tahiti. le Pacifique étal s'étend à l'infini, et l'horizon est vierge de tout nuage quand Ingram aperçoit un naufragé à bord d'un canot de sauvetage qui rame frénétiquement dans leur direction. le jeune homme nommé Warriner semble traumatisé et raconte au couple l'histoire dramatique de la mort par botulisme foudroyant des trois autres occupants de son navire, l'Orphéus qui est en train de couler. Troublé par le récit du nouvel arrivant, Ingram décide de mettre le cap sur l'Orphéus, afin d'en avoir le coeur net. Las, notre héros n'est pas au bout de ses surprises, et va se retrouver coincé à bord du navire abandonné par Warriner tandis que son propre voilier s'éloigne sous ses yeux éberlués.

Calme plat est un titre à prendre au premier et au second degré tout à la fois. Les deux voiliers où se déroule le roman sont encalminés dans un océan immobile, abandonné par le dieu éole, semblable à une mer de plomb chauffée à blanc sous un soleil incandescent. Au coeur de cette torpeur trompeuse, le couple est en revanche pris dans une véritable tempête : Rae est kidnappée par un psychopathe qui a mis les gaz, tandis qu'Ingram se retrouve à bord d'un navire en train de couler en compagnie de l'épouse de Warriner et d'une brute épaisse nommée Bellew.

Le roman étouffant de Charle Williams, est une sorte de double huis clos : l'auteur y développe en effet en parallèle les intrigues qui se nouent à bord de l'Orphéus et à bord du Saracen. L'intensité dramatique et le sentiment d'oppression qui étreint le lecteur vont crescendo, au fur et à mesure que les deux voiliers s'éloignent. L'originalité du livre est de nous faire entrer au coeur de la psyché des deux héros, en décrivant longuement leurs émotions, les options qu'ils envisagent pour tenter de conjurer le sort, leur peur de faire le mauvais choix, la conscience aiguë qu'ils ont du danger mortel qui les guette et de la responsabilité qu'ils ont l'un envers l'autre. La prouesse de l'auteur est de faire naître chez le lecteur une double angoisse, la première relative à ce qui va arriver au couple et la seconde, plus insidieuse, relative à la tragédie qui a eu lieu sur l'Orphéus avant que Warriner ne s'en échappe.

A l'instar de l'océan qui entoure nos héros, le roman de Charles Williams n'a pas pris une ride, et rappelle cette faculté unique d'étirer le temps à l'infini que possède la littérature en plongeant dans les abîmes de la psyché tourmentée de ses personnages.
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