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Critique de Presence


Ce tome comprend les épisodes 15 à 20 qui forment une histoire complète pour la compréhension de laquelle il suffit d'avoir une idée du principe de la série "Fables" de Bill Willingham. Ces épisodes sont initialement parus en 2013, écrits par Sean E. Williams, dessinés par Stephen Sadowski (avec l'aide de Russ Braun dessinant 4 pages de l'épisode 19, et de Meghan Hetrick dessinant 5 pages de l'épisode 20), encrés à tour de rôle par Phil Jimenez (épisode 15 une partie des pages des épisodes 16, 17, 19 et 20), Dan Green (une partie des épisodes 16, 17), Andrew Pepoy (une partie des épisodes 16 à 19), Christian Alamy (épisode 19) et José Marzan (une partie de l'épisode 20). La mise en couleurs est à nouveau assurée par Andrew Dalhouse.

L'histoire se déroule dans un monde de fables reculé, évoquant l'Inde moyenâgeuse. Après la chute de l'Adversaire, ce royaume s'est trouvé sans protection, et sans autorité centrale forte. Il a été mis à sac par les gobelins et les pillards divers et variés.

Dans un village, les hommes valides sont partis à la guerre (contre les gobelins) et ils ne sont jamais revenus. Il ne reste que les femmes, les vieillards et quelques rares enfants. La nourriture se fait rare, et ce village subit les attaques répétées d'une meute de dholes (des chiens sauvages d'Asie) surnaturels. Nalayani décide de braver les dangers de la nature environnante et d'entreprendre le voyage de plusieurs jours qui lui permettra de rallier le palais du maharaja (Pince Charmant) pour demander son aide.

Cette troisième histoire complète dans la série "Fairest" se démarque des 2 précédentes dans la mesure où le personnage principal n'est pas une héroïne d'une fable traditionnelle. le lien avec la série "Fables" se fait dont avec Prince Charmant et l'évocation du passage de Mowgli.

Avec la lecture du premier épisode, le lecteur constate qu'il retrouve l'apparence du premier tome. S'il est possible de penser dans un premier temps que c'est dû à l'encrage de Phil Jimenez (dessinateur du premier tome), il apparaît que le mérite en revient à Andrew Dalhouse qui utilise une palette de couleurs similaires, avec cette façon bien à lui de les saturer, pour obtenir des teintes plus chaudes. En y regardant de plus près, le lecteur s'aperçoit que Stephen Sadowski ne réalise pas des dessins aussi minutieux que ceux de Jimenez, et qu'il ne conçoit pas des découpages de séquences aussi fluides. Sadowski utilise une approche réaliste et adulte, légèrement simplifiée, en particulier pour les décors, mais dépourvue de la minutie délicate de Jimenez. Les expressions des visages manquent parfois de nuances. le langage corporel reste réaliste et juste.

En outre, Sadowski voit ses planches confiées au bon soin de 4 autres encreurs que Jimenez, et laisse sa place le temps de quelques pages à 2 autres dessinateurs. Pa rapport au degré de finition des 2 tomes précédents, celui-ci donne l'impression d'avoir été quelque peu sacrifié pour respecter la cadence de parution mensuelle. La partie visuelle n'est pas ratée, elle est juste d'un niveau de qualité inférieur. Cet aspect ne gène en rien la compréhension du récit, par contre les dessins ont parfois du mal à créer un environnement satisfaisant. En particulier la zone entourant les sables mouvants (une sorte de nécropole troglodyte) est plutôt pauvre visuellement, ce qui empêche le lecteur d'y croire ou de s'y projeter.

Todd Klein (le lettreur) effectue un travail impeccable et discret comme à son habitude. Il supporte une responsabilité supplémentaire par rapport à d'habitude puisqu'il a développé une calligraphie spécifique (évoquant les courbes de l'écriture en hindî). le lecteur a le plaisir de constater que les phylactères restent lisibles sans effort supplémentaire, et que cette calligraphie trouve sa justification dans les 2 derniers épisodes, qu'il ne s'agit pas juste d'un artifice décoratif.

Sean E. Williams a conçu une intrigue principale très linéaire : Nalayani va chercher l'aide de Prince Charmant, ils apprennent à se connaître au cours d'une mésaventure, et vont sauver le village. L'intérêt de la lecture réside donc ailleurs. Il y a une vague intrigue secondaire entre 2 des seconds de Prince Charmant : Nathoo et Bulded. La révélation de leur inimitié est inintéressante, et leur sort respectif est cousu de fil blanc, attendu dès le départ. Williams intègre avec naturel des éléments de continuité de la série "Fables" (en particulier ces dholes), mais sur des éléments tellement secondaires qu'ils n'intéresseront pas grand monde.

Il reste donc la relation entre Nalayani et Prince Charmant. le titre de la série étant "Fairest", le lecteur se focalise naturellement plus sur la belle. Au crédit de Williams, il convient de porter le fait qu'il a créé et développé un personnage féminin singulièrement attachant, et délivré de tout stéréotype. Sans bulle de pensée, ni soliloque à rallonge, Williams réussit à faire émerger la personnalité de Nalayani par ses actes et ses échanges avec d'autres personnages. Sans grandes déclarations ni hauts faits valeureux, le lecteur découvre une jeune femme courageuse, sans être téméraire, réfléchie, intelligente, respectueuse, etc. Sans mièvrerie ni exagération, Nalayani se révèle comme une personne droite et respectable, digne de louange et d'admiration. C'est la grande réussite de ce récit. Malheureusement l'évolution de sa relation avec Prince Charmant ne présente pas le même degré de subtilité.

Après 2 tomes excellents, "Le retour du marahaja" constitue une baisse de régime et une déception. Stephen Sadowski est un artisan qui réalise des dessins de bonne facture, mais qui ne présentent pas le degré de séduction de ceux de Phil Jimenez (tome 1), ni l'originalité de ceux de Miranda Inaki (tome 2). le scénario et la narration de Sean E. Williams s'adressent bien à des adultes. le portrait des personnages est dressé de manière sophistiquée et nuancée, Nalayani est une femme admirable, sans une once de niaiserie ou de condescendance, mais l'intrigue est d'une platitude désespérante, en décalage avec la délicatesse du portrait de Nalayani.
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