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Critique de Pois0n


Deux histoires fort différentes ayant pour point commun un héros endeuillé : voilà à quoi vous attendre dans ce recueil pour le moins inégal.

Mais que diable s'est-il donc passé chez Harlequin en 2011 pour que l'éditeur choisisse de traduire, pas moins de seize (!!!) ans après sa sortie en VO, une purge pareille ?! C'est la question que je me suis posée après avoir enduré seulement une cinquantaine de pages de L'île des mystères tant rien, mais alors rien ne va.
Le premier contact n'est pourtant pas si catastrophique, bien que le prologue lève d'emblée tout suspense concernant le seul « mystère » qu'il aurait pu y avoir dans cette histoire. Tout au plus note-t-on une légère tendance des dialogues à partir dans tous les sens, une imprécision dans les descriptions, un côté très décousu dans la narration, donnant l'impression d'avoir affaire à un premier jet, au travail d'une autrice débutante ou à une traduction complètement foireuse. Difficile de faire la lumière sur ce point, le livre étant tout de même paru en 1995 en version originale. Une chose est sûre, Gayle Wilson en a écrit bien d'autres après celui-ci, titré « Echoes in the dark » outre-Atlantique.
Le vrai souci, c'est que les choses ne s'arrangent pas. Les personnages se comportent la plupart du temps de façon totalement incohérente voire tout simplement incompréhensible, comme lorsque l'un d'entre eux, en plein repas tranquille, balance son assiette sur un mur. Ou qu'après avoir commencé à se battre à coups de poings, les protagonistes en viennent à faire des galipettes sans transition. Et tout ça, bien sûr, en complément des problèmes narratifs déjà mentionnés plus haut. Rarement je n'aurai autant levé les yeux ni soupiré en lisant un livre tant ici, tout est mal ficelé ! Même les quelques rebondissements ne parviennent pas à remonter la barre, s'avérant soit aussi peu crédibles que le reste (tomber en pleine mer pendant un orage tropical, en général, ça laisse assez peu de chances de survie, alors parvenir à nager tranquillou au pif jusqu'à une île... sérieusement ?), soit, une fois de plus, mal foutus, alors même que l'autrice était (enfin !!!) parvenue à instiller une pointe de suspense dans son histoire.
Certes, la cécité du héros est bien traitée, sans tomber dans la caricature, et le récit devient un tout petit peu moins mauvais dans le dernier quart (une fois qu'il n'y a plus de pseudo-mystères et d'absurdités dans tous les coins), donnant même au roman une conclusion plutôt travaillée, mais il est bien trop tard : L'île des mystères se place aisément dans mon flop 3 des pires Harlequin à être passés entre mes mains. (2/10)

Malgré un départ sur les chapeaux de roues, Une troublante mission n'est pas vraiment un romantic suspense : ni polar, ni thriller, ni mystère, ni tension ici, il s'agit tout simplement d'une romance contemporaine ayant pour protagonistes un juge et une flic se retrouvant coincés ensemble par la force des choses, comme des centaines d'autres couples l'ont été tout au long de l'histoire de la romance à cause de la neige, de tempêtes ou autres prétextes. Ce qui ne veut pas dire que le roman est mauvais, loin de là : il s'agit même du meilleur Marie Ferrarella que j'ai lu à ce jour. Et, une fois de plus, le résumé se trouve être à côté de la plaque, Blake n'étant en rien le connard misogyne que la quatrième de couverture laissait croire.
Point d'enquête, donc. Ce sont les collègues de Gail qui courent après le criminel en cavale et lui donnent quelques nouvelles de temps en temps. Son rôle à elle est à 100% celui d'un garde du corps, consistant à coller aux basques de Blake vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Pas de coup de foudre instantané ni de romance précipitée au menu : les personnages se connaissent déjà à cause de circonstances particulièrement difficiles et si, au fil des pages, une certaine attirance réciproque se développe, l'autrice a très bien géré le rythme de son histoire. Celle-ci possède finalement un côté très tranche-de-vie, où l'on suit le quotidien et les dialogues pleins de malice de Gail, Blake, et Alexander, le père septuagénaire de celui-ci, encore vingtenaire dans sa tête. Clairement, Gunny (ne l'appelez surtout pas « Monsieur Kincannon » au risque de le vexer), petit vieux sympathique et faussement relou, mais jamais sérieux, a un sacré caractère, pas sa langue dans sa poche et illumine le récit d'un bout à l'autre.
L'histoire bénéficie donc d'un certain équilibre entre les dialogues finement ciselés, la progression de la romance, et de petits rappels ponctuels qu'un baron de la drogue revanchard traîne quelque part dehors. Certes, on pourra toujours arguer que cet aspect-là est hyper léger, ou regretter la longue ellipse de trois semaines, mais reste que c'est bien troussé, que la lecture est fluide et que l'on ne s'ennuie à aucun moment. Une très bonne histoire, qui ne sort certes pas du lot, mais se lit avec plaisir. (7/10)

En fin de compte, heureusement que j'ai acquis ce recueil d'occasion et pour pas trop cher. Une troublante mission vaut quand même le coup d'être découvert mais a été réédité en français en 2016 et, au vu de la bouse monumentale qu'est L'île des mystères, je ne peux que vous encourager à vous procurer la seconde édition. En l'état actuel des choses, j'arrondis exceptionnellement la moyenne des deux notes à l'entier supérieur, mais c'est bien à cause de Gunny !
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