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Critique de Le_chien_critique


Bienvenue dans "le torrent furieux du temps extraterrestre."

Robert Charles Wilson nous entraine dans le tourbillon de la Vie : de l'émerveillement plein les mirettes; un feu d'artifice pour vos neurones; le tout porté par des personnages complexes.

Un voyage à travers le temps et l'espace dont vous ne reviendrait pas indemne.

Lorsque l'on demande aux lecteurs de Spin de résumer le roman en quelques mots, les étoiles, les hypothétiques, le temps reviennent.
Pour moi, Spin est une image, une scène, celle de la randonnée à vélo un jour d'été, les trois gamins sur leurs vélos tentant de gravir et de descendre une colline. Tout y est : la différence de statut social entre Tyler et les jumeaux, les liens qui les unissent, la psychologie des personnages. Avant la SF, c'est un magnifique récit de vie de l'enfance à l'âge adulte.

On débute tranquillement sa lecture en l'an 4 x 109 ap. J.-C., un monde qui ressemble étrangement au notre, si ce n'est un contexte géopolitique différent. Comment est ce possible ?
Puis retour en arrière, aujourd'hui. L'événement nous est raconté dès les premières pages, les étoiles ont disparu. A l'extérieur, le temps s'écoule normalement tandis que sur Terre, le temps est ralenti dans des proportions inimaginables : "un million de leurs siècles pour chacune de nos années.".

Spin va vous emporter dans un monde pré-apocalyptique, le quotidien va devoir composer avec la disparition des étoiles. Mais d'une fin imminente attendue, proche, il apparait que le spin pourrait être aussi une planche de salut pour l'humanité, ou du moins se révélait moins dévastateur que les premiers jours le laissaient supposer. Certains reprennent le cours de leurs vies, mais le chaos risque de pointer le bout de son nez. Wilson nous sort la parabole de la grenouille : Lâchez une grenouille dans de l'eau bouillante, elle en sortira aussitôt d'un bond. Placez-la dans une casserole d'eau tiède que vous mettez à chauffer à feu doux, et la grenouille mourra avant de se rendre compte du problème.

Spin, c'est aussi de la SF. de la SF de haut vol, celle du sense of wonder, celle que peu d'auteurs n'auraient osé imaginer. Wilson s'empare des idées ayant bercé de nombreux lecteurs, les assemblent et produit un roman qui rend réaliste l'ensemble, tangible. Splendide. Je ne vous en dit pas plus sur les thématiques pour ne pas vous dévoiler l'émerveillement face à la prouesse de la construction du récit. La force, ou le défaut de ce roman, est d'explorer ce questionnement via ces personnages. Wilson attaque son sujet en le contournant, jamais frontalement, ce qui pourrait déplaire à certains lecteurs.

Car Spin, c'est surtout l'histoire de trois copains d'enfance : Jason, d'une intelligence hors du commun qui va tenter de comprendre l'incompréhensible, sa soeur jumelle Diane, tout aussi intelligente mais avec l'émotion en plus qui va se réfugier dans les nouvelles religions et Tyler l'ami fidèle, un peu détaché, "glissant dans la vie". Trois personnages archétypaux, mais loin d'être caricaturaux.
Ces trois enfants vont découvrir un soir d'automne, allongées sur la Grande Pelouse de la Grande Maison, la disparition des étoiles. Trois destins pris dans la tourmente de l'hypothétique événement.
Comment vivre face à une catastrophe annoncée, celle de l'explosion du soleil, emportant avec lui le système solaire et ce qui s'y trouve ? Comprendre, Aider, Se voiler la face ?

Spin est aussi une fulgurance dans le style, tous s'emboite merveilleusement. Les titres des chapitres donnent le ton. Que dire de ce jardinage céleste en lieu est place du concept de terraformation; Atteindre l'âge adulte dans l'eau bouillante; le temps désarticulé; le tic-tac d'horloges coûteuses; Euphorie désespérée.

Je n'aime pas dire d'un roman que c'est un chef d'oeuvre, une notion bien trop personnel et arbitraire. Spin me place donc dans une situation difficile. Alors, comme beaucoup, je dirai simplement que Spin est sûrement un des plus grand livres de ces 25 dernières années.

Une fin ouverte laissant libre l'imagination du lecteur.

Spin est cependant une trilogie, ou comme le dit Robert Charles Wilson, un one shot suivi de deux romans. A la lecture des autres textes, je ne peux lui donner tort. L'intrigue des suites se situe dans le même monde que celui des Hypothétiques, mais les personnages différent. Axis est celui qui m'a le moins convaincu, Vortex renoue avec la complexité, le romancier se jouant du lecteur via le temps, un roman assez priestien et dickien.
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