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Critique de Ethno


Voilà une chronique qui s'annonce compliquée puisque je viens de fermer le livre de SF le plus substantiel qu'il m'ait été donné de lire. En même temps, au vu des critiques et de l'accueil du bouquin, il ne s'agissait donc pas de mettre le pif dans « Les aventures de toto sur Mars ». Spin a reçu le prix Hugo en 2006 et le Grand prix de l'Imaginaire en 2007, il s'inscrit directement sur la liste des livres à lire pour tous amateurs du genre. Ce livre a de particulier qu‘il fait sans doute partie de mes coups de coeur de l'année et qu'en plus il m'a été offert par un grand ami (et grand Sage) de votre serviteur que je remercie au passage (obrigado meu irmao). Difficile donc de mesurer mes propos quand tout plein de superlatifs me sautent au bout de la langue pour encenser Spin, mes mains tremblent et une goutte de sueur d'un litre et demi coule le long de mon front, rentrons donc dans le vif du sujet avant que j'explose comme une groupie se retrouvant face à Lenny Kravitz.



Spin



Tyler, Jason et Diane sont des amis d'enfance et ils ont quatorze ans quand un soir, alors qu'ils observent le ciel, les étoiles disparaissent. La Terre s'est retrouvée entourée d'une membrane, le Spin, qui laisse le temps intact sur Terre mais le fait passer des milliers de fois plus vite dans l'espace. Un problème va vite se poser, puisque le soleil, qui vieillit à vue d'oeil, va se dilater d'ici une cinquantaine d'années et entraîner l'espèce humaine à sa perte.



C'est sur ce speech assez maigre, il faut l'avouer, que démarre la lecture de Spin. Alors que sur le papier, il n'y a visiblement pas de quoi écrire un roman de 600 pages sans sombrer dans l'ennui, ROBERT CHARLES WILSON vient agrémenter son histoire de multiples rebondissements et de thèmes absolument variés. Spin est en fait une sorte de menu gastronomique où les plats se dégustent. Chaque réflexion est à décortiquer, méditer, et à retourner dans sa tête avant de l'avaler pour la digérer. Mais Spin est tout sauf un roman « d'aventure » à proprement parler. Ici pas de course poursuite ni de cavalcade, l'évolution des personnages à travers le temps et les moyens qu'ils développent pour trouver le pourquoi du Spin se suffisent à eux-mêmes. Nous suivons les trois amis de leur adolescence jusqu'à leur quarantaine/cinquantaine bien tassée dans un récit imbriqué intelligemment, alternant les passages présents et futurs, et il faut avouer que même si cela a déjà été fait, WILSON arrive à donner du rythme à son histoire assez efficacement de cette manière. Mais avant de suivre trois amis, nous suivons avant tout une génération emprisonnée par le Spin et une humanité livrée à elle-même, privée de son regard vers l'univers et ses secrets. Car bien sûr, les suppositions concernant une autre forme de vie intelligente sont directement mises en relief dans l'histoire et ouvrent de nombreuses questions.

Au-delà de son aspect SF, WILSON nous jette à la gueule un roman profondément humain. L'espèce humaine, menacée d'extinction va réagir à sa façon avec son lot de pillages, d'agressions et de sectes, du coup, la Terre va devenir un lieu de moins en moins sûr en attendant l'Apocalypse. Spin arrive à mettre le doigt sur ce que deviendrais notre chère Terre face à la panique et au désarroi de l'homme, et croyez-moi, ce n'est pas beau à voir. L'ordre et la morale se voient bouleversés et tout s'intensifie au fur et à mesure que l'humanité se débat contre cette mystérieuse barrière. Et comment parler d'humanité sans parler de sentiments ? Cook avait un jour dit dans une de ses chroniques (le premier tome de la Compagnie Noire) qu'il avait, avec ce livre, trouvé l'histoire d'amour (quel homme sensible ce Cookie) qui l'avait le plus touché. Et bien pour ma part, c'est avec Spin que je trouve la mienne. Une histoire ambigüe, torturée et timide qui s'étale sur de longues années. En parlant des personnages, WILSON les a globalement bien travaillés, même si ceux-ci peuvent paraitre clichés, l'auteur a surtout mis en avant les relations qui unissent les trois amis et leur famille proche.

Un autre aspect de Spin qui nous plonge de plain-pied dans la SF, c'est Mars. Dans ma courte carrière de lecteur SF je n'ai jamais lu quelque chose d'aussi développé sur le sujet. Les références sont d'ailleurs nombreuses puisque WILSON cite volontiers BOURROUGHT, BRADBURRY, WELLS et il n'hésite pas à faire sa petite critique à sa manière. Assez amusant. Il y décrit la politique de Mars, son histoire, le mode de vie de ses habitants et fourni un gros travaille pour faire participé de cette planète au roman qui devient un élément important de l'histoire.



Inutile de tergiverser, Spin est, et restera un classique de la SF moderne. Les quelques longueurs reprochées au bouquin seront certainement surmontées par les plus motivés (ben oui dans la SF il y a aussi des moments un peu long où on parle de science…) et je souligne que ces moments sont indispensables à la bonne compréhension du livre et des technologies utilisées. Sinon dans l'ensemble ce Spin s'enfile d'une traite et avec passion. Mais il nous fait surtout nous poser de bonnes questions, c'est vrai, après tout, que ferions-nous réellement si la fin du monde était annoncée pour dans quelques années ? Resterions-nous les bras ballants à attendre que le soleil nous fasse griller comme des merguez ? Je ne pense pas, car malgré les gros défauts que nous pouvons accréditer à l'espèce humaine, nous sommes peut-être l'une des plus combatives, reste à savoir si l'Homme voudrait perdurer car il se sent unique et indispensable, mais ça, c'est une autre histoire.

Zoskia


Lien : http://www.acheron-webzine.c..
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