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Critique de SophieLesBasBleus


J'aime la manière dont Martin Winckler raconte des histoires qui nous emmènent toujours ailleurs et plus loin que là où nous pensions aller. Ainsi, "Abraham et fils", au titre biblique et peut-être trompeur, intègre le lecteur à cette première histoire d'amour, celle d'un père et de son fils de 10 ans que la voix de Franz, le jeune garçon, nous fait vivre de l'intérieur. le récit commence lorsqu'ils emménagent tous deux à Tilliers, dans une grande maison qui recèle bien des énigmes et d'autres histoires qu'une seconde voix nous dévoile peu à peu, à mesure que Franz découvre des pièces secrètes dans une demeure où - justement - demeurent les traces d'autres vies, d'autres amours, d'autres chagrins et d'autres drames.

Architecte de cet édifice aux multiples replis, l'auteur nous invite à entrer dans cette fabuleuse construction, à la parcourir au rythme lent des jours qui s'écoulent apparemment sans heurt et à la peupler de personnages-acteurs dont on ne sait s'ils sont doublement fictionnels ou juste sur le fil entre réel et imaginaire. Ce jeu avec les noms - Rochefort, Rosay, Signoret, Barrault, von Homer, Philipe, Meurisse... - va bien au-delà du simple clin d'oeil complice entre un auteur et son lecteur car, d'une part il complète le portrait de Franz, amoureux de films d'aventures, de Zorro et de Comics, et, d'autre part, il nous engage dans un Labyrinthe des Miroirs où L Histoire collective se reflète dans des histoires individuelles, où la fiction s'enracine dans la réalité et où la mémoire se répercute à l'infini entre les murs accueillants d'une maison qui protège et qui réunit.

J'ai lu "Abraham et fils" en éprouvant des émotions contrastées, parfois impatientée par la lenteur de la narration, souvent émue par la force d'un amour entre père et fils, finalement époustouflée par la cohérence du roman et par la mélodie qu'il laisse entendre. Une belle mélodie, aux accents joyeux et mélancoliques, qui court sur le fil des vies qui passent et dont la littérature, le cinéma, la télévision gardent une mémoire réinventée.

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