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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


La voix de soliste de ce « choeur des femmes » est tenue par Jean (prononcez "Djinn"), interne des hôpitaux, major de promo, sur le point de terminer son internat. Son but : obtenir un poste de chef de clinique dans le meilleur service de chirurgie gynécologique de France. Mais avant d'atteindre ce Graal, on lui impose, pour valider son internat, d'aller passer six mois dans une obscure unité de « Médecine de la Femme », dirigé par le controversé Dr Karma. Jean ne voit pas autrement ces six mois que comme un purgatoire, puisque dans cette unité, on passe le temps à faire tout ce qu'elle déteste – elle qui ne veut que se consacrer à la chirurgie « pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin » –, à savoir écouter les femmes parler d'elles-mêmes et de leurs problèmes. Entre cette jeune femme arrogante, agressive et dotée d'un fameux complexe de supériorité, et le Dr Karma, auquel la rumeur prête tous les vices, la confrontation semble inévitable.

Mais le sujet de ce roman n'est pas seulement le récit de la rencontre et du choc des idées entre ces deux personnes, c'est avant tout la mise en lumière de l'opposition frontale entre deux conceptions de la médecine gynécologique. D'un côté (majoritaire), il y a les actes : prescriptions pléthoriques de médicaments, d'analyses, d'examens invasifs voire non sollicités, tout cela « pour le bien des femmes », mais sans qu'on ait réellement pris la peine de les écouter, de les informer, de demander et d'obtenir leur consentement éclairé, bref, sans qu'on songe à se préoccuper de leur bien-être physique et psychologique, comme si, après tout (air connu), les femmes n'étaient pas les mieux placées pour savoir ce qui se passe dans leur corps et ce dont elles ont besoin ou envie. de l'autre côté, il y a la parole, celle des patientes, que de trop rares médecins prennent le temps de faire advenir (parce qu'un problème peut en cacher un autre), d'écouter et surtout (surtout!) de s'abstenir de juger ; et puis la parole de ces mêmes médecins qui informent, conseillent, proposent des alternatives, accompagnent, tout en évitant les examens médicaux superflus. En un mot : ceux qui respectent l'humanité de leurs patientes.

Alors certes on peut reprocher à ce roman quelques longueurs et un côté trop manichéen ou caricatural, mais question contenu, tout est bon à prendre. « le choeur des femmes » se lit comme un page-turner, parfois poignant, souvent révoltant ou écoeurant, qui provoque colère à l'égard des uns et admiration à l'égard des autres. Bien qu'écrit en 2009, il semble malheureusement toujours d'actualité, à en lire les nombreux articles et blogs sur les violences gynécologiques et obstétricales.

Lecture à prescrire donc à tous les gynécos (y compris les femmes) et médecins en général, comme une piqûre de rappel que leur travail consiste à soigner dans le respect de l'intégrité et de la dignité de leurs patient.e.s.

A lire et offrir par/à toutes et tous, pour (re)prendre conscience-affirmer-répéter-insister-marteler-revendiquer que le corps des femmes leur appartient, et que leurs voix méritent d'être entendues.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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