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Critique de montmartin


Denny Malone est bien le dernier homme au monde que l'on peut imaginer finir dans une cellule. Ce n'est pas n'importe quel flic, un héros de la police, s'il y avait un secret qu'il ignorait c'est qu'il n'avait pas été prononcé à voix haute, ni même pensé. Mais Malone est là, sans son arme, sans son insigne. Il est devenu un putain d'indic, un putain de mouchard, une balance, un judas, un flic ripou.
Un tas de gars entrent dans la police pour faire leur vingt ans et toucher leur retraite, lui Malone, il est dans la police parce qu'il aime ce métier. Manhattan North est son royaume et celui de son équipe. Mais Malone a des amis qui attendent qu'il glisse sur une peau de banane pour pouvoir le piétiner.

« La rue c'est bon. C'est là que Malone se sent chez lui, aux commandes, il a le contrôle de lui-même et de son environnement. Quel que soit le problème, la réponse se trouve toujours dans la rue. »

La pauvreté, le chômage alimentent les trafics de drogues et d'armes ici règnent les gangs et on préfère purger une peine de prison plutôt que de dénoncer, car en choisissant la prison on est sûr de rester en vie.
Don Winslow décrit à la perfection la solitude des flics qui luttent contre le crime organisé.
« Comment passer d'une vie à une autre, découvrir un gars ligoté, les mains tranchées avec les plaies cautérisées au chalumeau et ensuite se rendre à un barbecue chez des amis. En dix-huit ans de carrière dans la police, vous voyez des choses que vous auriez aimé ne pas voir. »

L'auteur aborde habilement ce fléau qu'est la corruption. La corruption ne flotte pas seulement dans l'air de cette ville, elle est dans son ADN. Juges, flics, avocats, les prêtres, les salopards de la mairie aucun n'est contre une petite enveloppe. On fait des marchés, on signe des accords, on conclut des petits arrangements entre amis. Mais à trop jouer avec le feu, on finit par se brûler. Quand un domino dégringole, tous les autres suivent, c'est la débandade.

« C'est comme quand tu grattes une allumette, tu ne penses pas qu'elle va faire des dégâts, puis le vent se lève et la flamme se transforme en un incendie qui détruit tout ce que tu aimes. »

Attention c'est du lourd, du brutal pas de place pour les sentiments, un réalisme époustouflant. Un livre en noir et blanc comme les vieux films de gangsters. Ici il faut savoir nager en eaux troubles et le vainqueur c'est celui qui tire le premier. le récit ne nous laisse aucun répit, l'auteur ne mâche pas ses mots, ce sont les mots de la rue, des gangs. L'auteur nous dresse le portrait d'une Amérique violente où les laissés-pour-compte de la société n'ont que les trafics pour survivre et où les armes en vente libre font la loi. C'est étourdissant et glaçant.

« Avec tout ce qu'il a vu, Malone n'est pas un grand admirateur de Dieu, et il devine que c'est réciproque. Il y a un tas de questions qu'il aimerait lui poser, en supposant qu'il puisse l'interroger un jour, nul doute que Dieu refuserait de parler, Il prendrait un avocat et laisserait son fils porter le chapeau. »

Merci à Babelio et aux éditions Harper Collins pour cette lecture si prenante.
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