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Critique de gerardmuller


Cloudstreet/Tim Winton
C'est un roman bien étrange que cette saga de deux familles très modestes que le destin va rapprocher dans la ville de Perth en Australie occidentale.
L'action débute au cours des dernières années de la seconde Guerre Mondiale.
La famille Pickles habite à Géraldton au nord de Perth avec Sam le père, Dolly la mère et trois enfants, Rose, Ted et Chub.
La famille Lamb, c'est Lester le père, Oriel la mère et six enfants.
Les deux familles ne se connaissent pas encore.
Deux accidents surviennent qui vont façonner de façon tragique la vie de ces deux familles : Sam Pickles est victime d'un accident du travail ce qui va le handicaper toute sa vie, et Fish Lamb suite à un accident de pêche va sombrer dans un coma qui laissera des traces indélébiles.
Les Pickles héritent un jour d'une grande maison à Perth ; une affreuse vieille maison comme ils disent. Ils ne sont pas très vaillants, rêveurs en délire, désordonnés et souvent désenchantés et décident d'en louer la moitié à la famille Lamb qui eux sont riches d'idées, entreprenants et travailleurs.
La vie n'est pas facile dans ce coin perdu d'Australie.
Et Sam a vite fait de dilapider les loyers payés par les Lamb en perdant ses paris aux courses de chevaux. Dolly sombre dans l'alcoolisme.
Pendant ce temps, les Lamb s'enrichissent en travaillant nuit et jour.
Cette grande maison toute de guingois est une demeure qui bourdonne, emplie non seulement de vacarmes mais aussi de beaux sentiments. Mais quand le silence et le calme règnent, ils précèdent toujours la tourmente. On a parfois l‘impression d'y être dans une maison de fous.
Le style imagé et percutant dont use l'auteur Tim Winton d'emblée vous met le sourire aux lèvres. Les formules à l'emporte-pièces et l'humour le plus décapant fusent dans chaque situation, qu'elle soit comique ou tragique.
« Madame Clay éclata en sanglots. On aurait dit un chien s'étranglant sur une couenne de bacon … ! »
« …elles riaient comme si on leur avait enfoncé une pelle entre les côtes ! »
« Il ronflait comme un vaisselier trainé sur un toit de tôle … ! »
Et puisque « les sots engendrent chez lez autres une dureté dont ils n'ont pas idée » on va assister à des situations assez cocasses. Mais aussi déchirantes lorsque Rose surprend dans la salle de bain son père en pleine dépression muni d'un rasoir qu'il a posé contre sa pomme d'Adam.
Lisez et relisez le chapitre intitulé « L'enfer » à la page 220 : c'est un morceau d'anthologie que cet enfer passé d'Oriel, femme de Lester.
Des personnages généreux comme Rose Pickles qui ne pouvant poursuivre ses études par manque d'argent, part travailler dans un grand magasin de Perth et Quick Lamb le rustre qui quitte sa famille pour aller chasser contre prime les kangourous qui ravagent les cultures.
Un instinct grégaire inconscient anime tous ces êtres et peu à peu les deux familles ne vont plus former qu'une tribu avec l'amour en plus.
Oui, il y a beaucoup d'amour et de tendresse dans ce roman et les agneaux égarés, comme dit Quick Lamb, que sont tous ces personnages sans illusions n'en savent pas moins aimer, aider et pardonner.
Et Lester qui songe et se lamente : « Je voudrais seulement savoir en quoi croire. »
C'est aussi ce que chaque personnage de cette histoire douce-amère comme a dit un internaute avec justesse, se demande par devers lui. Croire en l'amour, c'est peut-être ce qu'il reste encore de possible, amours contrariées, amours inabouties, amours échouées, mais amours cependant.
Un très beau roman de Tim Winton, écrivain australien né en 1960.

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