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Critique de finitysend


Il y a dans le monde anglo-saxon une thématique littéraire qui tourne beaucoup autour d'une ruralité délabrée ,avec, des idées d'isolement, de solitude en partie volontaire mais déstructurante qui est loin des richesses attribués d'ordinaire à l'ermitage et à la solitude salutaire et valorisée.
C'est une thématique infiniment riche au niveau des personnages , qui culmine à un réalisme subtil infiniment approfondi où l'environnement social est riche et puissant ,autant que la nature ambiante est prégnante et que le retentissement psychologique des descriptions confine au métaphasique.
Regardez un jour une image du ciel du Wyoming et vous comprendrez instantanément ce que je veux dire.
En Australie ,autre pays du vide , il y a des petits mondes perdus au bout des pistes et oubliés de tous . Des univers qui vivent solidement accrochés au sable rouge et qui restent en place même quand le sable s'envole au grés des vents bouillants.
La couverture du roman est d'une éloquence absolue et restitue tout cet univers en un seul coup d'oeil. C'est un roman court d'une présence fulgurante. Il n'est pas un thriller ,au contraire, il est statique et haletant ,perdu dans un tourbillon d'affects variés et de sensations qui tournent en boucle ,rien donc d'une longue ligne droite. Une petite tornade décrierait mieux la trame narrative que l'image d'un suspens idéalisé et déployé en longueur le ferait.
Le cadre est celui de la nuit agitée qui cerne des personnages qui se côtoient à peine d'habitude et qui là ,le font car cernés par la peur alors que la nuit se retrouve peuplée de sujets d'inquiétudes, réels ou imaginés qui amplifient l'isolement de chacun. L'obscurité réduit aussi l'autonomie des personnages, alors que les chiens aboient , que des cris inconnus résonnent . Les bruits mènent la danse, inquiètent, signalent, alertent, en même temps et ils questionnent sur dehors et sur soi-même.
C'est une ode aux habitudes ,et au normal qui quelquefois s'envolent en un rien de temps et qui se nimbent à ce moment d'une valeur nostalgique intense et d'une aura de regrets. L'âme essuie alors l'impact de tourments à l'acuité constante et permanente, antérieurs au changement pourtant et que le changement fait affleurer dans le conscient. C'est un matériel non maitrisé alors que les repères vacillent.
La peur, l'anxiété, la panique conduisent ces personnages de voisins distants à l'accoutumée à s'intéresser les uns aux autres . Mails il ne faut pas espérer que cela devienne pour autant le sujet central du roman qui reste à mon humble avis ,celui de l'impact de la panique et de la fragilité des perceptions correctes quand la peur, même sous contrôle ,fait circuler le sang plus vite.
Des gens confortablement seuls d'habitudes fusionnent avec des voisins, d'habitude archétypaux et vaguement rassurants à ce titre malgré une distance salutaire. Soudain ils sont mutuellement isolés dans un élan de panique contagieux et malgré des confidences mutuelles profondes ,tragiques et tristes.
Le style de l'auteur est économe et il table sur la concision et sur le mot juste alors que l'environnement est parlant à outrance. le sujet c'est la panique ? même pas non. le sujet c‘est je pense, le rapport perméable de l'âme avec sont environnement. Finalement peut-être que nous vivons tous dans une réalité plus imaginée que réelle?
J'ai beaucoup aimé.
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