AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Enroute


Le monde de Wittgenstein repose sur la logique exclusivement. La tâche de la philosophie doit être de clarifier les discours qui depuis la nuit des temps s'embourbent dans des propositions indécidables qui mobilisent les esprit à s'exercer sur rien. Toutes les propositions utiles sont celles qui donnent une image du monde, et elles ne le font que si elles se basent sur la logique.

Fort heureusement, l'être humain est doté à la naissance de cette logique qui lui permet de prononcer des propositions sur le monde, qui n'est rien que le regard logique qu'il porte sur lui. D'ailleurs, il est incapable de penser illogiquement. Mais là où il se trompe, c'est lorsque il ne fait pas l'effort de trier ses énoncés et qu'il parle à tort et à travers en versant par agrément dans la mystique, c'est-à-dire qu'il parle de ce qu'il méconnaît ou de ce qui ne peut être dit, de toutes ces choses auxquelles les énoncés ne peuvent être comparées et sont donc ineffables, indicibles, hors du monde.

Il se trouve que dans cette conception réaliste qui fait reposer l'existence sur l'instant présent et les propositions logiques portées sur le monde, l'être disparaît. Avec Dieu, avec le domaine de la mystique, il sort du monde. On ne peut parler de soi sauf à prononcer des énoncés vérifiables et à se prendre soi-même pour un fait. On ne peut parler des autres que si l'on peut valider par des faits les assertions qu'on porte sur eux. Tout est action, faits, objets. le vocabulaire est explicite : les êtres sont des objets. Exit la psychologie, exit les émotions, exit la volonté, les désirs, les espoirs. L'être est passif dans un monde qui évolue sans lui, limité aux horizons de son langage logique. Qu'il ne croit pas seulement que la science lui explique le monde, elle ne fait que le décrire. Dans ces conditions, il ne reste qu'à observer et à se taire.

Le paradoxe étant qu'à tant prôner la logique, Wittgenstein en finit par situer le sens de la vie dans ce qui se trouve hors du monde : à n'en pas douter, à vivre ainsi, on en deviendrait mystique.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}