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Critique de LoupAlunettes


: " -Et ne dis rien à personne ou je lancerai un caillou sur le petit.
James. C'était à James qu'elle pensait. le petit.
J'ai attendu qu'elle ait disparu puis je me suis remise à respirer, imaginant ce que cela ferait si elle me frappait avec cette branche morte..."

C'est idiot, pourrait-on se dire.
La dénoncer, cette nouvelle élève, cette Betty, et l'affaire serait faite, elle ne commencerait ni ne recommencerait avec une punition qui lui penderait au nez.
Mais hélas la peur a cette puissance, elle fait frémir et douter, faire perdre la logique et le nord en rebroussant chemin.
Et d'ailleurs, il est dur de marchander avec la sécurité d'un tiers cher, on ne prendrait pas le risque, ne serait-ce que pour une pierre lancée, et sûr que Betty la brute le sait. Elle appuie là ou ça fait mal.

Nous nous douterons bien que ce qui conduisit la studieuse Annabelle à mentir, vraiment mentir, c'est sans doute le danger qui planera en permanence.
Nous connaissons ce genre de personnage qui ne sait plus comment s'y prendre pour qu'on l'apprécie, qui gifle plutôt que de tendre une joue pour qu'on y dépose une bise.
On frappe, au cas où.
Les grands lecteurs le savent, les livres le disent, ces personnages ont souvent déja leur lot de punition, ceci expliquant cela, cette drôle de transmission, de communication.

Nous serons dans les années 40.
Sont-ce la guerre ou la famille qui auront pétri la jeune Betty à la dure?
Le roman devra y répondre pour satisfaire les lecteurs ados.
Peut-on devenir amie avec une Betty quand on est une Annabelle sans histoires?
C'est Annabelle, 11 ans, qui racontera.

Le roman tournera autour de ses réflexions distantes sur le monde qui l'entoure, son monde d'avant, et un havre de paix qui se transformera en petit enfer, le monde d'après. Sa rencontre avec Betty va faire émerger des chapitres de souvenirs, des anecdotes à soupeser, qui lui permettront d'envisager la peur que lui inspire Betty. Il y aura ce qui est avérée et les fantasmes que les apparences produiront. le problème est que Betty est concrètement méchante, ce n'est pas une impression.

Le roman est tendre, le plus souvent, abaissé au niveau de compréhension d'Annabelle, en nous cédant son regard de pré-ado qui cernera certaines choses mais ne comprendra pas tout.
Elle finira par chercher ce qui se cache au fond de cette Betty, 14 ans, puisqu'elle n'arrêtera pas de tenter de la trouver, elle.
L'auteure Lauren Wolk installera progressivement une tension sur un décor restreint, de la maison à l'école, de l'école à la maison.
Un caillou fauchera une élève puis un autre jour, un des frères d'Annabelle manquera de perdre la tête avec un fil de fer tendu sur la route.

Le roman se lira bien et on s'attachera à ces personnages aux caractères simples et généreux ( pour la plupart), notamment la relation consensuelle et intrigante entre Toby le vagabond qui a fait une des guerres et les parents d'Annabelle. Nous aurons, comme Annabelle, l'impression que ses parents s'acquitteront d'une forme de dette morale en prenant soin de lui à leur façon.
Toby deviendra un.ange gardien des bois ( vous comprendez).
Cela fera réfléchir le personnage qui n'aura connu aucune guerre de près.
On a aimé.
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