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Critique de Presence


Ce tome comprend les épisodes 11 à 16 de la série. Il fait suite à Sven the Returned, mais il présente une histoire avec d'autres personnages, sans connexion avec la première. Il peut donc être lu indépendamment.

L'action se déroule en Irlande en 1014. Pour apprécier cette aventure, il vaut mieux avoir un peu révisé l'histoire de l'Irlande afin de comprendre la signification historique de la bataille de Clontarf qui se déroule cette année là et qui oppose Sigtryggr Silkiskegg à Brian Boru. À nouveau, Brian Wood a bien effectué ses recherches sur la période.

Après cette petite révision, vous pouvez vous plongez dans ce thriller. Magnus est un irlandais pure souche qui a décidé de lutter tout seul contre l'occupant de son pays : les vikings. Au début du récit, le seigneur Ragnar Ragnarsson arrive sur le lieu de la dernière exécution sommaire perpétrée par Magnus ; il a été missionné par Sigtryggr pour mettre un terme à la série de mises à mort de vikings installés dans cette région. Il commence par examiner les traces laissées par l'insurgé pour déterminer son mode opératoire et son profil psychologique. Pendant ce temps là, Magnus fuit pour aller trouver refuge dans la campagne irlandaise en portant sur son dos Brigid, sa fille, qui panse ses blessures dès qu'ils s'arrêtent. Ils sont bientôt rattrapés par la meute de chiens de la troupe de Ragnarsson. Pendant ce temps là, les armées irlandaise et viking s'apprêtent à l'affrontement près de Clontarf.

Le premier tome ne m'avait pas entièrement satisfait quant à son intrigue et sa reconstitution historique. Cette deuxième histoire m'a happé dès le début par son aspect historique, son mécanisme de course-poursuite et l'utilisation des codes d'un genre que je ne m'attendais pas à trouver ici.

Brian Wood a parié sur le fait que son lecteur s'intéresse un peu à l'histoire des vikings en situant son récit en Irlande en 1014. Pour ma part, j'ai été chercher dans une encyclopédie les détails de la bataille de Clontarf après coup, pour comprendre le sens des scènes s'y rattachant. Pour le reste, il ne s'attarde pas plus que dans le tome précédent sur les conditions de vie à cette époque. Il privilégie l'action et il ne glisse que quelques éléments très secondaires sur la vie quotidienne de l'époque. Il bénéficie d'un dessinateur (Ryan Kelly) qui porte une grande attention aux détails des costumes et des habitations. Je ne suis pas certain que tout soit 100% exact (en particulier la trop belle tenue de Ragnarsson), mais il maintient un niveau de vraisemblance très convaincant. Il montre un goût certain pour la campagne irlandaise avec des cases et une ou deux pleines pages qui font honneur à sa nature et qui mettent bien en évidence la faible importance des humains dans ces étendues essentiellement sauvages. Ryan Kelly a également passé beaucoup de temps sur les scènes de bataille qui sont sauvages, barbares et sans pitié. La bataille de Clontarf donne une bonne idée de la violence des affrontements et de l'horreur des blessures.

Brian Wood raconte l'histoire d'un homme décidé à harceler l'occupant par des tactiques brutales consistant à tuer des familles vikings de la manière la plus horrible qui soit, et fuir aussitôt après, pour recommencer plus loin. Magnus est tellement efficace que l'occupant a décidé de dépêcher une troupe pour mettre fin à ses agissements. Wood a pris comme personnage principal un homme doté d'une carrure et d'une musculature impressionnante. Et comme bien souvent dans ces cas là, Magnus dispose d'une résistance à la douleur surhumaine et d'une capacité à continuer à courir malgré une blessure au mollet peu réaliste. Mais Wood réussit à dépasser ces clichés en faisant de Magnus, une force de la nature crédible. Là encore, Ryan Kelly joue un rôle déterminant en créant des images qui restent acceptables par le lecteur, sans provoquer de réaction de rejet devant l'impossibilité des faits. Wood et Kelly se complètent parfaitement pour mettre en valeur la virilité des soldats, la brutalité des combats et la farouche détermination des vikings. Les scènes d'action (combat, course, etc.) sortent de l'ordinaire et des clichés visuels inhérents aux comics. Kelly prend le temps d'installer les lieux avec des détails qui les rendent particuliers et qui donnent envie au lecteur de s'y rendre.

Brian Wood ne se limite pas écrire une chasse à l'homme à une époque où les vikings représentaient la civilisation. Il insère dans son récit quelques codes des romans policiers modernes (je vous laisse la surprise de la nature exacte de ces codes). En fait, j'ai été décontenancé au début de découvrir que Ragnarsson s'exprime de manière presque littéraire avec des tournures de phrase anachroniques par rapport à l'époque du récit. Et puis passé le moment de surprise, il s'avère que ce mélange inattendu débouche sur un amalgame harmonieux qui augmente énormément le plaisir de lecture et l'intérêt que j'ai porté à cette traque à l'insurgé. Ce dispositif narratif compense largement l'absence de consistance des pratiques de la vie quotidienne.

Autant le premier tome m'avait semblé un peu fade et parfois manquant de réalisme, autant ce tome repose sur une course-poursuite sans temps mort avec un mode narratif anachronique qui intensifie la tension du récit. le tout est servi par des illustrations d'un dessinateur impliqué qui ne se contente pas de mettre en images le scénario, mais qui transmet son intérêt pour les paysages irlandais, pour le fracas des armes et les visages marqués par la vie. À nouveau le tome d'après Blood in the Snow (épisodes 9, 10 et 17 à 20) met en scène des personnages différents.
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