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Critique de kielosa


J'ai lu plein de livres situés en Pologne pendant l'occupation nazie et soviétique lors de la dernière guerre mondiale, mais pratiquement tous localisés dans les ghettos juifs ou les camps de concentration et d'extermination.

Le roman de Marcin Wronski constitue une exception et cela à un double titre : il nous esquisse d'abord la vie quotidienne des simples citoyens polonais, pas uniquement Juifs, au moment de l'envahissement de leur pays, à l'ouest par la peste brune et à l'est par les troupes de Staline, et l'auteur nous raconte en même temps une histoire criminelle et policière.

Le 9 septembre 1938 à Lublin, une ville à presque 200 kilomètres au sud-est de Varsovie, le corps de la jeune Aniela Biernacka, 22 ans, est découvert. Elle a été manifestement brutalement violée, mais il n'y a pas de trace exploitable et Aniela est une simple servante, qui a un physique agréable sans être pour autant une beauté à la Helena Rubinstein par exemple.

Pour le commissaire Zyga Maciejewski et ses enquêteurs, après l'interrogation du chef de la victime, l'ingénieur Stanowicz, l'affaire devient une énigme et pour Zyga personnellement bientôt même une obsession. Il regrette "que Dieu n'avait pas l'habitude de collaborer avec la police".

Exactement un an plus tard, le 9 septembre 1939, au moment même de la terrible invasion nazie de la Pologne, à l'hôtel Wiktoria de Lublin une découverte similaire est effectuée : le corps d'une jeune femme sauvagement abusée. Cette fois-ci, à cause de la colossale confusion causée par les combats entre agresseurs teutoniques et défenseurs polonais, la police ignore même l'identité de la nouvelle victime.

Les similitudes entre les 2 meurtres sont cependant trop importantes pour conclure à une éventuelle et malencontreuse coïncidence : strangulation, traces adipeuses, coitus vaginalis et passage à tabac (lèvre fondue, plusieurs dents cassées)

Notre bon commissaire Zyga est mis par le directeur de la Kripo ("Kriminalpolizei" ou police criminelle allemande), Erwin Schlegger, devant le choix épineux : ou un séjour au camp de Sachsenhausen ou Dachau, ou bien devenir chef de la section polonaise de la Kripo !
La Kripo n'est bien sûr pas la Gestapo, quoique pour le simple civil la différence s'avère dans la pratique un peu subtile. Bref, dans les yeux de beaucoup de ses compatriotes il passe pour un collaborateur.
Dans l'esprit de Zyga c'est une option qui lui permet de continuer à rechercher le meurtrier d'Aniella et la fille de l'hôtel Wiktoria et peut-être même de l'arrêter.

Lorsque Zyga explique à sa maîtresse Róza Marczynska que le 9 septembre 1940 approche, sa bien-aimée s'emporte : Tu recommences.... avec tes chimères !"

Est-ce que notre héros a raison d'appréhender cette date fatidique ?

Pour les raisons expliquées ci-dessus la situation géographique et historique du roman de Marcin Wronski est originale et instructive et l'intrigue criminelle raffinée. Seuls inconvénients, ces noms polonais quasiment imprononçables avec tous leurs accents et "sz" et la longueur du récit : 427 pages.

Wronski, qui est né à Lublin en 1972, a aussi un bon sens d'humour bien que parfois cynique, comme quand il fait dire à son héros au moment de l'agression soviétique à l'est de la patrie : "Dans notre malheur nous avons de la chance... qu'il n'y a que des Allemands aux portes de la ville".
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