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Critique de Calliope2017


En 1903, Mary Mackenzie, jeune Écossaise de 20 ans, embarque pour la Chine pour épouser un attaché militaire britannique, Richard Collingsworth. Mais cette union déçoit ses espérances et, après une liaison avec un officier militaire japonais, elle doit fuir au Japon enceinte, rejetée par la société et contrainte d'abandonner sa fille…

Le récit se compose du journal intime et des lettres que l'héroïne envoie à sa mère et à sa meilleure amie. J'avais un peu peur au début, car le ton naïf et presque mièvre me donnait l'impression de lire un roman jeunesse, et je trouvais « l'intrigue » un peu plate (pour ne pas dire qu'il ne se passait pas grand-chose). Mais j'ai bien fait de poursuivre, car ce livre est une petite pépite !

J'ai vraiment été impressionnée par la manière dont la psychologie du personnage est travaillée, et la manière dont l'évolution de Mary se ressent dans celle de son style d'écriture. Si le ton est si naïf au début, c'est parce que l'on voit l'héroïne évoluer au fil du récit (qui s'achève en 1942). On voit Mary passer de jeune femme impatiente de se marier et un peu immature à une femme déçue par le mariage, on la voit devenir mère, puis amante, mais elle mûrit véritablement lorsqu'elle est forcée de survivre seule au Japon. D'abord femme mariée habituée à ne rien faire puis courtisane entretenue, elle devient une femme libre et indépendante, et l'on suit l'évolution de son caractère jusqu'à ses soixante ans, avec une scène finale est particulièrement émouvante. Ce roman comporte donc un important aspect féministe, et montre à travers l'exemple de son héroïne une vraie émancipation féminine.

Le réalisme du roman ne s'arrête pas à la psychologie de ses personnages, que l'on a presque l'impression de connaître, puisque le récit nous transporte en Chine et au Japon dans la première moitié du XXe siècle. Là encore Oswald Wynd nous dépeint à merveille l'évolution de tout un monde, dans les tourments de l'après Révolte des Boxers, de la guerre sino-japonaise, de deux guerres mondiales ou encore de la crise de 1929. le récit est donc très intéressant du point de vue historique, et restitue avec précision la haute société pékinoise dans les légations européennes ou encore la vie quotidienne au Japon, ses traditions et son adaptation aux nouvelles technologies.

La durée du récit est assez déséquilibrée, puisque la moitié du roman environ se déroule entre 1903 et 1905, alors que tout va très vite dans la seconde partie, et la plupart des notes de Mary dans son journal sont espacées de plusieurs mois voire années. Cela m'a un peu gênée, j'avais la sensation de lire un très long épilogue plutôt qu'un véritable récit, mais cela correspond à l'évolution de la mentalité et du quotidien de l'héroïne donc ce choix se justifie.

Le roman est très bien écrit et de nombreux passages sont assez poétiques, notamment au Japon, et se savourent en se lisant lentement…. tout comme l'ensemble du livre, assez émouvant et dans lequel on est « embarqué », même si personnellement je n'ai pas toujours approuvé l'héroïne (notamment dans son attitude vis-à-vis de ses enfants) et ne me suis pas toujours identifiée à elle.

Bref, je recommande Une odeur de gingembre !
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