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Critique de Yaena


En Chine quelque soit l'art que l'on pratique les bases sont souvent les mêmes : maîtrise du geste et de l'espace, du plein et du vide. Maîtriser un art c'est en maîtriser plusieurs. C'est pourquoi on fait peu de différence entre un peintre et un calligraphe par exemple. Dans cet ouvrage Feng Xiao Min, un artiste Franco-Chinois, se lance dans un projet ambitieux : illustrer par des peintures et des calligraphies 51 des 81 chapitres du Tao Te King, le célèbre ouvrage de Lao Tseu. Un projet très ambitieux car le Tao Te King est un des livres fondateur de la civilisation Chinoise puisqu'il est à l'origine du Taoïsme. Lao Tseu étant un contemporain de Confucius.

Pour vous situer un peu grosso modo, le confusianisme a pour objectif l'harmonie individuelle puis sociale et passe par la réalisation de rituels.
Le taoïsme (Tao pouvant être traduit pas La voie) prône la mise en harmonie avec la nature et ce qui nous entoure, la non action et la liberté individuelle. Il repose essentiellement sur l'équilibre des contraires (yin et yang, homme et femme, feu et eau…).

C'est un livre qui se lit vite et lentement à la fois. Découvrir les calligraphies et les tableaux, les apprécier, s'en imprégner, se laisser envahir par eux, prend du temps. Faire le lien avec le texte aussi. Je précise que le texte résulte d'une traduction de Feng Xiao Min. Seuls les puristes et les experts pourraient juger de la qualité, n'ayant pas comparé avec d'autres traductions je ne sais pas, mais en tant que lectrice lambda je la trouve plutôt réussie.

Le texte en lui même est à la fois limpide et complexe, simple et ardu. Philosophie, réflexion, guide, art de vivre, peu importe comme on le nomme. Ces textes, si courts, sont d'une grande densité et amènent une réflexion qui peut durer toute une vie. On peut les regarder sous différents aspects et l'age et l'expérience font sans doute apparaître de nouveaux angles de vue, une nouvelle compréhension. C'est le genre de livre auquel on peut revenir une vie durant. J'y ai retrouvé des principes bien ancrés dans les arts martiaux, évidemment mais on peut les appliquer à la vie quotidienne, à la politique...

J'aime beaucoup la calligraphie pour son épure, son équilibre du vide et du plein et pour le choix des termes ou des expressions qui ont été illustrés.
Les tableaux eux m'ont séduite par leur équilibre entre encre de chine et couleurs, réalisme et abstraction. J'avoue que ceux en gris, noir et blanc m'ont moins conquise.

Le tableau « Le faible et le fort » m'a interpelé et j'ai clairement senti que quelque chose m'échappait et en tournant les pages j'ai senti comme une invitation à y revenir plus tard. J'ai eu un coup de coeur pour « La société idéale » et son côté apaisant qui invite à la rêverie. Quant à « Revenir à la sphère de la simplicité » il m'a évoqué Van Gogh mais je ne saurais pas dire vraiment pourquoi.

Ce livre appartenait à mon professeur, en le parcourant j'ai retrouvé l'odeur de ses cigarillos et ses post it. Au moment où j'allais en mettre un j'ai vu qu'il y avait un des siens. Je vous partage cet extrait :

« Les possibilités de la réussite

Considère la non action
Comme le code de conduite.
Considère le non conflit
Comme l'art de l'action.
Considère la non saveur
Comme la méthode du goût.

Le grand provient du petit.
Beaucoup provient du peu.
On récompense le ressentiment avec la gentillesse.
Surmontant les difficultés,
On devrait commencer par les facilités.
Accomplissant grand
On devrait commencer par petit.

Les choses les plus difficiles dans le monde
Sont originaires de celles qui sont les plus faciles.
Les choses les plus grandes dans le monde
Résultent des minuscules.
Parce que Le Sage ne se considère jamais comme grand,
Il peut accomplir ce qui est grand.

Celui qui fait des promesses trop facilement
Manquera sûrement de crédibilité.
Celui qui considère les choses comme trop faciles
Rencontrera certainement des difficultés.

Le Sage ne rencontre jamais de difficultés
Parce qu'il considère toujours
les choses comme difficiles."
(chapitre 63)

Je vous laisse méditer ces paroles...
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