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Critique de Plumipille


Belle rencontre que ces baguettes, nommées Trois, Cinq et Six. Elles sont soeurs et n'ont d'autres prénoms que leur numéro de naissance. Aux yeux de leur père elles ne sont pas assez importantes pour mériter un prénom puisque ce ne sont que des filles, des « baguettes », et non des « poutres » solides et robustes comme le sont les garçons, en mesure de soutenir le foyer et la famille.

Mais ces baguettes vont se battre. Venant de leur province, de cette chine profonde de ce début de Millénaire, elles vont s'expatrier en ville, à Nankin, dans cette ville où la vie est tellement différente de leur village, où l'émancipation des femmes est peut-être possible.

Petit à petit, à force d'apprentissage et de travail, elles vont gagner en confiance et en assurance. Après quelques années elles auront LA récompense : lire la fierté sur les visages de tout le village, mais surtout sur celui de leur mère et de leur père, en remplacement de la honte et du désespoir qui les habitaient depuis la naissance de toutes ces filles.
« Serait-il possible que nos baguettes soient désormais capables de soutenir notre toit ? » finira par dire leur père en guise de récompense suprême.

Ce qui rend cette lecture émouvante est l'épilogue dont nous gratifie l'auteure, une journaliste chinoise ayant voyagé à travers le monde et vivant à Londres. Les trois jeunes femmes dont elle nous raconte l'histoire ne sont pas soeurs mais ont bel et bien existé. Elle les a rencontrées, puis a perdu leurs traces. Il semble que leur destin n'ait pas été des plus réjouissants. Qu'il est dur d'échapper au poids des traditions, surtout pour les femmes !

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