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Critique de Biblioroz


Témoignage cher au coeur de Xinran qui, avec une écriture simple mais pleine de fraîcheur, ponctuée souvent de petites pointes de naïveté attendrissante, nous parle de la détermination de certaines jeunes filles à contrer leur malchance d'être nées « baguettes» dans cette Chine rurale où la honte ronge tous les parents qui n'engendrent que des filles.

A l'ombre d'un vieux saule majestueux, campagnards autorisés à fuir la misère de la terre, et recruteurs de la ville de Nankin, forment un marché style agence pour l'emploi.
Trois, enfuie de chez elle pour échapper à un mariage forcé, découvre le tumulte de la ville. En grignotant les brochettes de tofu de la chaleureuse Dame Tofu, elle se voit proposer une place dans un nouveau restaurant où elle exercera ses talents artistiques dans des compositions de fruits et légumes pour attirer l'oeil des passants. Aux côtés des Nankinois, le lecteur se délecte alors de plats de canard agrémenté d'herbes sauvages, de soupes de bourgeons, de tofu séché associé aux roseaux sauvages…

À son retour au village pour les fêtes du Nouvel An, chargée de quelques liasses de yuans, Trois montre fièrement à son père ( lui qui détient le record humiliant de n'avoir engendré que six baguettes) qu'une fille peut aussi servir à gagner de l'argent !
Rejointe par Cinq et Six, les parcours de ces trois soeurs sont étonnamment optimistes mais ils viennent railler la cruauté de la condition et le manque de considération de la femme. Leur besoin de reconnaissance est alors un formidable tremplin pour l'apprentissage de cette vie citadine si éloignée de leur laborieuse et archaïque vie campagnarde.

Lecture tout à fait rafraîchissante où l'auteure a su dépeindre une société chinoise en pleine évolution, avec, il me semble, beaucoup d'objectivité mais sans dénoncer outrageusement les pratiques d'hier et d'aujourd'hui.
Être cataloguée comme « baguette » est bien sûr choquant et révoltant mais j'ai vraiment aimé la façon de traiter ce sujet en l'enveloppant d'humour lors de certaines situations cocasses, d'entraide, d'accueil chaleureux et valorisant des recruteurs, de bonté humaine.
Les soeurs pallient admirablement leur manque d'éducation par l'observation, par la soif de connaissances et de reconnaissance, et mettent à profit les instructions puisées dans leur vie rurale.
Dans leur nouvelle vie, elles gardent en mémoire les dictons et bonnes paroles de la mère qui parsèment les pages avec pertinence. Même si les effusions et démonstrations de sentiments ne font pas partie de leur culture, leur amour filial envers celle qui les a mises au monde est éblouissant.

Oui, à l'ombre de mes châtaigniers, j'ai beaucoup apprécié ce petit voyage en Chine et j'en garde un joli souvenir empreint de fraîcheur humaine même si le tableau apparaît étrangement idyllique.
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