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Critique de Unchatpassantparmileslivres


Ce récit émouvant est basé sur des faits réels. Xinran, au début des années 90, alors qu'elle était journaliste responsable d'une émission de radio nocturne consacrée aux femmes, interviewe une Chinoise âgée, Shu Wen, qui lui raconte ses trente années passées au Tibet.

Il faut savoir que, un an après la proclamation de la République populaire de Chine par Mao, celle-ci envahit le Tibet, contraint cet état à la reddition dès 1951 et l'incorpore. Mais l'histoire ne s'arrête pas là, car la résistance tibétaine va s'organiser, regroupera jusqu'à 80 000 combattants et ne prendra fin qu'au début des années 70.

En 1958, Shu Wen, jeune médecin fraîchement mariée, voit son mari Kejun s'engager comme médecin militaire par idéalisme, pour aider l'armée de libération chinoise à venir à bout des "cruels Tibétains". Très vite, on lui annonce son décès, dans des circonstances inconnues. Elle décide alors, contre tous les avis, de partir à sa recherche, en tant que médecin militaire elle aussi, dans l'espoir de le retrouver vivant.

Trois décennies d'aventures et d'attente dans les plaines et les montagnes du Tibet l'attendent : tout d'abord dans le long convoi de camions militaires parti de Chengdu, qui traverse le Tibet, régulièrement assailli par les résistants ; puis emmenée par des Tibétains comme otage, avec d'autres soldats chinois ; lors d'une nouvelle escarmouche entre une troupe chinoise et les Tibétains, isolée du groupe avec Zhuoma, issue d'une famille de riches propriétaires et qui parle chinois ; enfin, recueillies toutes deux par une famille de nomades qui vit isolée du monde et de ses remous.

Bien des années plus tard, alors qu'elle a appris le tibétain et s'est adaptée au mode de vie nomade et à l'acceptation bouddhiste sereine des événements de la vie, elle a l'occasion de partir réellement à la recherche de Kejun et là, de monastère en messages laissés sur les montagnes sacrées du Qinghai, jusqu'à la rencontre d'un vieil ermite, elle va apprendre ce qui est arrivé à son mari. Ce sera alors le trajet jusqu'à Lhassa et le retour en Chine.

Xinran a mis tout son coeur dans ce récit et, avant de l'écrire, a passé des années à se familiariser avec le Tibet, où le mode de vie traditionnel est si différent de celui, moderne, de la Chine. Bien sûr, elle a comblé les vides du récit de Wen et a dû imaginer une bonne partie des péripéties et des émotions des protagonistes. Elle a aussi inclus dans les aventures de Wen la conversation entendue enfant et qui décrit la cérémonie des «funérailles célestes» tibétaines, qui rendent à la nature les corps humains après leur décès. Dans la postface, la tibétologue Claude Levenson,traductrice du Dalaï-Lama, note que Xinran énumère à son insu tous les préjugés des Chinois à l'égard des Tibétains, ceux de tous les colonialistes du monde envers les colonisés, un regard biaisé et condescendant.

Il reste une belle histoire d'amour et de spiritualié, de choc de deux sociétés aussi, qui mêle intimement le profane et le sacré, un chemin de vie avec pour toile de fond les bouleversements historiques du XXème siècle.
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