Mais tout un chacun peut constater que ce pays a été « rénové » de fond en comble. Il est difficile d’apercevoir une construction de plus d’un siècle d’âge. Et quand aux évènements qui se sont déroulés ces vingt dernières années, nous ne nous en souvenons à peine : ici, les être sont pareils à ces lentilles d’eau qui flottent sans racine.
Moi-même, combien de fois me suis-je senti étranger dans ce pays ? Notre société a connu des bouleversements d’une telle violence et d’une telle rapidité que le pays tout entier semble être un grand arbre déraciné. La Chine a oublié ses origines. Sur la route j’ai pu voir à quel point les révolutions, les guerres, les mouvements politiques et le développement économique avaient retourné sa terre de fond en comble, arasé les nuances locales, détruit les structures anciennes et les relations sociales…
Tu n’as fréquenté que des vainqueurs. Ceux-là, on les reconnaît à leur décontraction lorsqu’ils s’expriment en société. Mais la majorité silencieuse n’a pas cette aisance ; il me fallait maintenant comprendre le silence, les regards vagues ou certaines façons de secouer la tête…