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Critique de fanfanouche24


Relecture juin 2019---


Faisant de nouveaux rangements dans ma bibliothèque qui déborde
de partout....j'ai ressorti un recueil de nouvelles m'ayant été offert en juillet 1995...., que je viens de relire... Textes brefs d'un auteur chinois célébrissime... qui nous explique dans une préface de 1922 ses intentions d'écriture et son parcours.... [dont j'avais oublié la formation médicale...révolté qu'il était par les nombreux escrocs médecins traditionnels qui abusaient des pauvres gens....dont son père qui en avait été victime...] Ceci n' est qu'une parmi d'autres peines que Luxun libère dans ces "Cris"... :

"Lorsque j'étais jeune, j'ai fait moi aussi, beaucoup de rêves. Mais j'ai oublié la plupart d'entre eux, ce qui ne me cause aucun regret. Si ce qu'on appelle se souvenir procure parfois du plaisir, il est inévitable que cela fasse parfois aussi de la peine, et l'on peut alors se dire qu'il n'y a guère de sens à laisser l'esprit traîner ainsi avec soi l'affliction des jours révolus.
Mais ma peine à moi, c'est ce que je ne puis tout oublier, de là sont nés les récits qui composent-Cris- (p. 13) [Préface de Luxun ]

Un recueil de nouvelles parues antérieurement dans différentes revues...
Une mine d'informations sur les coutumes, traditions chinoises, les
soubresauts politiques, les différentes "révolutions", les violences et
injustices terrifiantes au fil des changements de régimes [entre
l'omniscience terrifiante du régime impérial, sa chute, l'avènement de
La République Chinoise...], le cloisonnement paralysant entre les
classes sociales, la misère immense du peuple, les taxes l'écrasant, etc.!

Luxun exprime à travers ses personnages ses colères, ses découragements
envers son pays fermé, en retard, ou en mutations trop chaotiques, les tortures, emprisonnements pour les dissidents, les enseignants non payés, les dysfonctionnements multiples de l'état , un ensemble de tristesses sans fin...!!

Parmi mes préférées, "Histoires de cheveux", et "Mon pays natal"... sans oublier l'intérêt pour deux autres textes importants (publiés ensuite séparément chez Stock, dans la petite Bibliothèque cosmopolite): "Le Journal d'un fou" (1918), et "Histoire d'A.Q. : véridique biographie"(1921)....

"Ton pays était comme cela. Il n'a pas fait de progrès, mais peut-être n'est-il pas aussi désolé qu'il en a l'air. C'est ton humeur qui a changé, voilà tout." Il est vrai que pour ce retour au pays, cette fois, le coeur n'y était pas. Je revenais dans mon pays pour le quitter. [Mon pays natal, p. 111]

A la fin de chaque nouvelle, des notes et commentaires précieux pour expliciter les événements historiques, ainsi que les significations des traditions, coutumes chinoises...

La préface de Luxun nous apprend que son premier objectif aurait été d'être médecin, et d'améliorer ainsi le sort des plus faibles, dans son pays... et puis le désabusement, le doute l'ont saisi, il s'est décidé et s'est orienté avec conviction vers la littérature , songeant que pour changer en profondeur une société, il faut d'abord changer les mentalités anciennes , et donner des outils aux individus pour exercer leur libre-arbitre !

Un auteur -phare dans l'histoire de la littérature chinoise...qui s'engagera par ses écrits, toute son existence, pour une Chine meilleure, pour les nouvelles générations !
Un recueil très significatif de textes très différents ...mais exprimant tous , les sentiments très ambivalents ainsi que les colères de Luxun envers les régressions et aberrations des gouvernements successifs de son pays...ayant cru lui-même dans la Nouvelle République...ayant succédé au régime impérial !

"Ecrit entre 1918 et 1922, le recueil de nouvelles intitulé -Cris- est non seulement la première oeuvre de fiction de la langue chinoise à l'heure où elle se débattait douloureusement pour tenter d'échapper à la gangue de ses traditions millénaires. le succès de ces textes qui donnèrent à leur auteur un renom immédiat vint de ce qu'ils répondaient exactement
à l'attente de la jeunesse à qui ils étaient destinés, la jeunesse que ces "cris" voulaient "réveiller", la génération pour laquelle, aux alentours du "Mouvement du 4 Mai" (1919), Luxun forgea la langue neuve indispensable à la pensée nouvelle, la forme d'emblée parfaite dans laquelle la littérature encore à naître allait pouvoir se couler. "---Michèle Loi, janvier 1992 (p. 9)


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