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Critique de Francinemv


Sengo, (Traduction en français « Après la guerre ») est un récit sans concession sur les conditions de vie ou plus exactement de survie du peuple japonais dans l'immédiate après-guerre à travers le quotidien de deux soldats démobilisés dans un Tokyo en ruines sous domination américaine.

1945, capitulation du Japon. de retour au pays, deux soldats qui se sont connus à l'armée, le première classe Kadomatsu et son supérieur hiérarchique le sergent-chef Toku Kawashima, se retrouvent par hasard dans une ville ravagée où règne la famine et où manger est la préoccupation première du moindre quidam. L'heure n'est pas encore vraiment à la reconstruction mais plutôt à la survie. le premier, gros nounours, fils de paysans, bon vivant, brut de décoffrage, bagarreur mais pas méchant, toujours en quête de nourriture, est fortement attiré par la gente féminine qui vend ses charmes et les petits trafics en tous genres. D'un naturel plutôt optimiste, heureux d'en être revenu vivant, pensant avec son ventre et son bas-ventre, il cherche à jouir de ce que malgré tout la vie peut lui apporter.
Le second, cultivé, introverti, hanté par les exactions commises durant le conflit sino-japonais, tient une petite échoppe de soupe et, ne trouvant plus de de sens à sa vie, noie son mal-être dans l'alcool.
Ces deux-là qu'à priori tout oppose vont se soutenir, s'épauler et tenter de se reconstruire.
Gravitent autour de nos deux larrons des personnages très attachants : La belle Kikuko,patronne du bar « La Calebasse » et sa petite soeur Sumi, véritable rayon de soleil, les prostituées, les yakuzas, les gamins paumés …[...]

Avec ce quatrième tome « Souvenirs », l'intrigue est plus resserrée, les deux tiers du volume étant consacrés aux retrouvailles inopinées de Toku avec des membres de sa famille dont il ne parlait jamais et avec laquelle il avait coupé les ponts juste avant son départ. Nouveau flashback qui revient sur les circonstances douloureuses de la rupture et on comprend pourquoi Toku a tellement de mal à trouver sa place dans la vie. le récit qui relève de l'intime se fait plus grave et particulièrement sombre. Il y a très peu d'humour et, inversement des rôles, cette fois c'est Toku qui va céder à la violence et Kadomatsu qui va le retenir. On terminera sur une note plus légère, nos deux lascars étant allés se détendre dans un théâtre ambulant où une « pin-up » se dénude à la grande joie et stupeur des spectateurs. Malgré tout, la vie reprend un peu le dessus...

« Pourtant, nous aussi on se sacrifie pour notre pays » dira une femme de réconfort.
Ce qui fait la force et l'originalité de cette chronique du Japon d'après guerre, c'est la place accordée aux petites gens et à leur quotidien : les hommes mais également les femmes vues comme des vétéranes et les enfants livrés à eux-mêmes. C'est aussi et surtout le ton employé. On passe sans cesse d'une ambiance à une autre : du tragique au comique, du sérieux au cocasse, le tout avec un langage fleuri et des dialogues truculents que les tontons flingueurs n'auraient pas reniés. Si cela fonctionne si bien, c'est grâce à la traduction savoureuse de Sébastien Ludmann lauréat du Prix Konishi pour la traduction de manga japonais en français en 2018. C'est cet humour, cette justesse de ton, qui nous permettent de supporter la cruauté et la crudité des situations (sexe, violence, mort) que le mangaka par esprit de réalisme nous livre sans filtre aucun sans jamais pour autant tomber dans la complaisance. [...]
L'intégralité de la chronique sur L'Accro des bulles :

Lien : https://laccrodesbulles.fr/2..
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