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Critique de ma_dalton



Spectateurs impuissants, nous avons tous vu défiler sur nos écrans les images sidérantes de cette explosion du 4 août 2020 où, à Beyrouth, 350 tonnes de nitrate d'ammonium ont enflammé le port et anéanti des quartiers animés de la ville.
Hyam Yared nous prête ses yeux, ses mots, son âme, ses tripes et ses poings – oui surtout ses poings - pour mesurer l'ampleur des dégâts et ressentir la détresse et le désespoir des Libanais qui, eux aussi, ont dorénavant leur ground zéro.
Tout allait déjà au plus mal au Liban avant l'explosion, crise économique et sociale, divisions confessionnelles, corruptions de tous bords... Tout allait au plus mal aussi dans le couple de la narratrice et de son conjoint Wassin. Cette dernière secousse entraîne une implosion générale, un effondrement national, social, conjugal et individuel. le Liban, les Libanais vont-ils pouvoir se relever, reconstruire comme ils l'ont déjà fait tant de fois ou faut-il arrêter d'être résilient parce que trop, c'est trop..? Elle veut partir, lui veut rester. le couple comme beaucoup de libanais des classes aisées, était déjà déchiré entre ces deux options et maintenant le dilemme devient de plus en plus clivant, déchirant.
Ce déchirement était déjà présent chez les parents de la narratrice : « Profiter de la douceur de vivre dans un État de non-droit valait ou être libre dans une démocratie capitaliste où le travail et le rendement sont minutieusement régulés par une législation basée sur des restes des droits de l'homme. » Partir là où « le travail bâtisseur d'une société de droit a perdu là-bas son essence au profit d'une forme de misère : un individualisme qui vous ferait enjamber un SDF mort de froid pour ne pas arriver en retard à un rendez-vous. »
Penser à soi et son confort ou penser au collectif « si les privilégiés s'en vont quel pays laissons-nous à ceux qui n'ont pas le luxe de pouvoir le quitter? »
La narratrice interroge aussi le rôle de l'écrivain dans ce chaos. Est-il possible de dire ? L'écriture peut-elle créer du sens dans un monde sans réponses?

Quel style percutant, cinglant chez cette Hyam Yared: « Dans la basse-cour libanaise, les charognards – locaux et étrangers – se penchent au-dessus des restes d'un pays devenu le terrain de jeu d'une corruption multiconfessionnelle propagées dans tous les édifices de l'état. »
Ou encore « Quelle liberté? Cette déesse mi- chienne, mi-vampire qui aboie qu'il faut que nous mourrions pour elle et nous digère en faisant de grands slurps. »
Et à travers tout ça l'humour…
Hyam Yared, une voix, un cri qu'on se doit t'entendre.
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