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Critique de SophieLesBasBleus
D'abord, bien plus de 37 fois merci à Masse Critique de Babelio et au Cherche-Midi pour ce roman percutant !
Voilà un roman si magistralement construit et à l'intrigue si prenante que je n'ai pu le lâcher avant la fin !
"Voir, c'est croire" ou "croire, c'est voir" ? Ne voit-on que ce que l'on sait déjà ou ce que l'on croit savoir ? Doit-on faire toute confiance aux messages que nos yeux transmettent à notre cerveau ? Tout est une question de regard et de point de vue dans ce roman qui suscite chez le lecteur ce qui est justement au coeur du sujet : l'idée que l'opinion que l'on se forge sur une personne (un personnage) peut être complètement erronée et qu'il ne faut peut-être pas accorder toute confiance à ce que nous croyons voir.
Ainsi, Hannah n'a pas vu que Patrick assistait sans réagir aux sévices que lui faisait subir Matthew. Ils avaient alors une douzaine d'années. Borgne, Hannah n'aura plus désormais qu'une vision partielle des choses. Mais ne l'avait-elle pas déjà auparavant ? Et pourtant, adulte, elle est devenue journaliste d'investigation, mais elle ne parvient pas à voir que Patrick, qu'elle a épousé, perd pied, rongé par cette culpabilité silencieuse. C'est lui qui, au début, raconte les faits passés. Forcément, le lecteur compatit à sa douleur et partage sa haine pour Matthew, le coupable, le responsable, le gamin sadique et cruel qui a gâché la vie des deux autres. Alors lorsque ce dernier réapparaît, on partage les craintes de Patrick et on est à l'affût des complots qu'il peut tramer pour continuer son oeuvre destructrice. A ce moment-là, tout est limpide : Patrick et surtout Hannah sont les victimes et Matthew, le seul responsable, on en est convaincu.
Mais voilà que Matthew prend la parole à son tour, et boum : on n'est plus sûr de rien ! Notre point de vue change et le doute s'insinue. Ceux qui nous semblaient complètement innocents, ceux qui avaient droit à notre entière sympathie, nous deviennent suspects. Alors ? Où est la vérité ? Ou plutôt quel récit se rapproche-t-il le plus de cette vérité ? En 1982, Hannah a cru voir... Patrick n'a rien vu... Matthew cache son lourd secret... En 2008, Patrick croit voir... Hannah ne voit rien et Matthew se révèle...
Christopher J. Yates fait montre d'une habileté diabolique pour nous mener là où il veut que nous allions : la mise en doute systématique. Au-delà de cette intrigue qui ne fait pas l'impasse de la psychologie, mais l'intègre naturellement dans son cours, un abîme de questions s'ouvre sous nos pas de lecteur. Car on pourrait aussi appliquer ces changements de point de vue à la lecture : le narrateur, et au-delà l'auteur, a tous les pouvoirs. Il peut nous faire prendre des vessies pour des lanternes et nous amener à disculper un coupable ou accuser un innocent. Moins grave, certes, que dans la "vraie" vie... mais ne le fait-on pas tout le temps aussi dans la "vraie" vie ? Qu'est-ce qu'un "témoin", en définitive ?
Non, mais vraiment, ce roman m'a scotchéberluée ! Je ne sais pas s'il a des imperfections. Moi je n'en ai pas vu (!!). Non seulement il nous raconte une histoire solide et passionnante, mais, par celle-ci il nous amène, l'air de rien, à plein de réflexions, de questions, de prises de conscience, de toute nature. Il s'agit du premier roman de Christopher J. Yates publié en France. J'aime autant vous dire que je vais guetter la publication du prochain !
Voilà un roman si magistralement construit et à l'intrigue si prenante que je n'ai pu le lâcher avant la fin !
"Voir, c'est croire" ou "croire, c'est voir" ? Ne voit-on que ce que l'on sait déjà ou ce que l'on croit savoir ? Doit-on faire toute confiance aux messages que nos yeux transmettent à notre cerveau ? Tout est une question de regard et de point de vue dans ce roman qui suscite chez le lecteur ce qui est justement au coeur du sujet : l'idée que l'opinion que l'on se forge sur une personne (un personnage) peut être complètement erronée et qu'il ne faut peut-être pas accorder toute confiance à ce que nous croyons voir.
Ainsi, Hannah n'a pas vu que Patrick assistait sans réagir aux sévices que lui faisait subir Matthew. Ils avaient alors une douzaine d'années. Borgne, Hannah n'aura plus désormais qu'une vision partielle des choses. Mais ne l'avait-elle pas déjà auparavant ? Et pourtant, adulte, elle est devenue journaliste d'investigation, mais elle ne parvient pas à voir que Patrick, qu'elle a épousé, perd pied, rongé par cette culpabilité silencieuse. C'est lui qui, au début, raconte les faits passés. Forcément, le lecteur compatit à sa douleur et partage sa haine pour Matthew, le coupable, le responsable, le gamin sadique et cruel qui a gâché la vie des deux autres. Alors lorsque ce dernier réapparaît, on partage les craintes de Patrick et on est à l'affût des complots qu'il peut tramer pour continuer son oeuvre destructrice. A ce moment-là, tout est limpide : Patrick et surtout Hannah sont les victimes et Matthew, le seul responsable, on en est convaincu.
Mais voilà que Matthew prend la parole à son tour, et boum : on n'est plus sûr de rien ! Notre point de vue change et le doute s'insinue. Ceux qui nous semblaient complètement innocents, ceux qui avaient droit à notre entière sympathie, nous deviennent suspects. Alors ? Où est la vérité ? Ou plutôt quel récit se rapproche-t-il le plus de cette vérité ? En 1982, Hannah a cru voir... Patrick n'a rien vu... Matthew cache son lourd secret... En 2008, Patrick croit voir... Hannah ne voit rien et Matthew se révèle...
Christopher J. Yates fait montre d'une habileté diabolique pour nous mener là où il veut que nous allions : la mise en doute systématique. Au-delà de cette intrigue qui ne fait pas l'impasse de la psychologie, mais l'intègre naturellement dans son cours, un abîme de questions s'ouvre sous nos pas de lecteur. Car on pourrait aussi appliquer ces changements de point de vue à la lecture : le narrateur, et au-delà l'auteur, a tous les pouvoirs. Il peut nous faire prendre des vessies pour des lanternes et nous amener à disculper un coupable ou accuser un innocent. Moins grave, certes, que dans la "vraie" vie... mais ne le fait-on pas tout le temps aussi dans la "vraie" vie ? Qu'est-ce qu'un "témoin", en définitive ?
Non, mais vraiment, ce roman m'a scotchéberluée ! Je ne sais pas s'il a des imperfections. Moi je n'en ai pas vu (!!). Non seulement il nous raconte une histoire solide et passionnante, mais, par celle-ci il nous amène, l'air de rien, à plein de réflexions, de questions, de prises de conscience, de toute nature. Il s'agit du premier roman de Christopher J. Yates publié en France. J'aime autant vous dire que je vais guetter la publication du prochain !
