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Critique de Malivriotheque


Byongyon Kim, alias Sakkat Kim, était un poète vagabond célèbre de Corée. Si sa vie fut très peu documentée, son destin est en revanche connu, lui qui était le petit-fils d'une ancienne grande figure déchue de la garde royale, condamnée à mort pour s'être rendue à l'ennemi, conduisant ainsi sa famille et les trois générations à venir à une vie de misère et de honte. Dégoûté d'être privé d'une vie dorée, Byongyon passera sa vie, au-travers de ses oeuvres, à chercher la vérité sur son statut et les raisons de sa colère intérieure...

Si le Français lambda ne sait rien de Kim Sakkat, il n'en reste pas moins une figure importante du paysage littéraire et oral coréen, tout comme l'évènement qui a conduit son grand-père et sa famille à la ruine et l'humiliation fait partie des livres d'histoire du pays. le personnage est grand, mais peu a filtré sur lui de manière officielle.
Yi nous offre donc une biographie fictive absolument passionnante et réaliste, truffée d'extraits en lien direct avec les évènements de la vie de l'artiste ermite, tout en nous en apprenant plus sur le contexte historique de la Corée du 19ème siècle, bien avant la partition que nous connaissons aujourd'hui. L'on apprend ainsi qu'à la fin de l'ère Joseon, la dernière dynastie au pouvoir avant l'annexion par le Japon en 1897, les conditions de vie comme la faim ou les épidémies et le contexte politique de l'époque comme la corruption, les classes sociales et la glorification des figures royales n'avaient pas tant de différences que ça avec celles actuellement en vigueur en Corée du Nord.
L'histoire de Byongyon Kim permet de mettre en exergue le concept de piété filiale (le respect vertueux de ses ancêtres) ramené à son extrême et qui empêche le personnage et sa famille de se relever du crime commis par le grand-père. Car là où l'Européen moderne expliquerait qu'un enfant ne doit pas payer pour les fautes de ses parents, le confucianisme impose le contraire, dans les bons cas comme dans les mauvais, et ne reconnaît pas dedans le concept de justice. Aujourd'hui, le respect des anciens reste très important en Asie de l'Est, et il est très intéressant d'en lire plus ou moins les racines.
Byongyon subit ainsi les moeurs sociales de l'époque, et passera la majorité de sa vie à lutter intérieurement ou à travers la poésie, à essayer de reconquérir un statut pourtant perdu à jamais et à vivre avec le poids d'un passé qu'il ne reconnaît pas comme sien, une position bien en marge de toutes les communautés fréquentées.
La vie du poète racontée par Mun-Yol Yi est assez fascinante, et l'écriture de l'auteur est superbe, extrêmement agréable à lire. Ce livre habilement mené et à bien des égards unique dans la forme permet d'en savoir plus sur une période importante de la Corée. Il n'y a vraiment pas de quoi être déçu après une telle lecture !
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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