Tw : Troubles alimentaires, deuil, grossophobie.
Merci à Hachette et Babelio pour l'envoi de ce roman graphique. Il a mis du temps à atterrir dans ma boîte aux lettres (d'où la date de ma critique).
Je sors un peu mitigé et frustré de ma lecture. J'aurais voulu apprécier plus que ça l'histoire de Val. J'ai aimé l'aspect psychologique sur les troubles alimentaires, mais j'ai eu beaucoup de mal avec le rythme de l'histoire et l'évolution des personnages.
Pour résumer, Val compte ses calories et tente de contrôler absolument tout ce qu'elle ingurgite depuis son enfance. Étouffée par l'obsession de sa mère sur le poids de sa fille, ses pensées se tournent uniquement vers la nourriture au point de se faire vomir et de comparer son corps avec celui des autres.
Étant sensible au sujet, je compatis pleinement à la souffrance de Val. Ne pas se sentir bien dans son corps au point de penser qu'il ne nous appartient pas est un sentiment affreux. Cependant, et cela s'applique à chacun des personnages, je n'ai pas pu m'attacher à Val à cause du rythme de l'histoire extrêmement rapide. Puis, honnêtement, ça parle tellement de nourriture que ça fini par me mettre mal à l'aise. Les personnages ont très peu de personnalités, ils sont purement représentés par ce qu'ils mangent et leur poids - à l'exception du père de Val et d'Allan.
Val veut être une fille parfaite et pense qu'elle peut tout réussir dans la vie, à condition qu'elle reste mince. Elle porte des jugements sur Jordan, sa meilleure amie d'enfance, sous prétexte qu'elle est ronde. Pourquoi sa meilleure amie devrait se sentir bien dans son corps, alors qu'elle est grosse ? Pourquoi devrait-elle plaire ? Je suppose que ce sont des questions et des comparaisons normales lorsqu'on est atteint de cette maladie. Je ne porte aucun jugement sur ces questionnements, puisque je n'ai pas eu ce vécu avec mes troubles alimentaires. Encore une fois, je ne peux que compatir. Val m'a touché et sensibilisé sur le sujet.
Quant à sa mère… J'ai rarement croisé personnage aussi méprisable. Ce qui me surprend le plus, c'est qu'elle n'a aucune évolution tout au long du récit. Elle ne cesse de répéter qu'elle se soucie de la santé de sa fille, mais n'a aucune empathie envers son enfant. À aucun moment, elle ne montre un quelconque signale d'amour et de remise en question envers Val. Ça me semble absurde que la famille n'intervienne pas ! le père et même le frère restent dans le silence, pensant que c'est normal de dire à une enfant « Tu ne manges pas, tu goûtes ». Non, ça ne choque personne ! J'ai conscience qu'il existe des parents qui ferment les yeux sur les malheurs de leurs enfants, mais là, nous sommes sur une obsession qu'il faut soigner auprès d'un spécialiste.
De plus, à mes yeux, le gros point faible de cette histoire est son rythme trop rapide. On enchaine les situations qui n'apportent aucunes surprises, puisque les intrigues sont quasiment toutes prévisibles. La fin ne m'a aucunement convaincu, j'ai eu l'impression de lire tout ça pour pas grand-chose et ça m'a fait mal pour Val (je détaille mon avis sur la fin en spoile). Si j'ai beaucoup aimé le mot de l'autrice à la fin du livre, je ne suis pas d'accord avec la conclusion de son histoire que j'ai trouvé loin d'être encourageante.
(SPOILE FIN) :
Voici comment se termine l'histoire : Val tente de trouver le bonheur en elle-même et je suis d'accord avec cette idée. En revanche, il y a un message passé qui me dérange. Celui de la tante qui lui explique que sa mère l'aime malgré son obsession de la nourriture et que Val doit s'adapter à ça. Grosso modo, Val doit prendre sur elle toute sa vie en se disant « Ce n'est pas grave, elle m'aime ! », mais la mère n'a aucun effort à faire là-dedans. Cette façon de pensée me rebute. On ne reporte pas ses soucis sur les autres et encore moins sur ses enfants. Imaginez la charge mentale que cela doit être ! La dernière phrase de sa mère avant que Val entre à l'Université, c'est « Ne mange pas trop ». C'est ridicule ! Une relation, quelle qu'elle soit, doit être partagée, même dans les efforts.
Quelques pages plus tôt, la mère retient complètement sa fille en lui disant qu'elle ne doit JAMAIS partir loin d'elle. Pour moi, c'est juste toxique. Alors, qu'on dise « Mais elle t'aime quand même », c'est un peu trop facile à mon goût.
Cela étant exprimé, je suis impressionné par le combat que mènent l'autrice et toutes les personnes concernées par les problèmes de troubles alimentaires. J'envoie mes bonnes pensées à ceux qui subissent cette maladie au quotidien et j'espère qu'ielles iront mieux au fur et à mesure.
Côté dessins, je les trouve très beaux et j'ai adoré les couleurs pastel qui ont été utilisées. C'est mignon, en plus d'être agréable à regarder. Ils sont l'une des raisons de ma note à trois étoiles, mais aussi parce que je suis sensible à la cause qui est défendue et dénoncée.
Je recommande cette lecture à celleux qui se sentent prêt·e·s à se plonger dans ces pages en ayant conscience des tw.
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