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Critique de Bobo1001


Je tiens à remercier chaleureusement Babelio et les éditions Contrechamps pour ce superbe cadeau qui m'a énormément apporté.
le livre contient la correspondance de la grande pianiste soviétique avec Pierre Souvtchinsky (écrivain et mécène russe), principalement mais aussi Stravinski, le compositeur André Jolivet etc...C'est à la fois passionnant en tant que témoignage sur cette grande pianiste particulièrement avant-gardiste qui ne détestait rien tant que la musique romantique (Rachmaninov est sa bête noire) et était passionnée par l'avant-garde la plus moderne. Son dieu est Stravinski . Elle aime aussi Bartok et bien sûr des classiques comme Bach et Mozart. Mais ce qui est sidérant c'est qu'en pleine URSS de Khrouchtchev elle se passionne pour les productions nouvelles de Boulez ou Stockhausen. Une pianiste qui déteste la virtuosité pure et qui s'en prend, excusez du peu, à Liszt, Horowitz voire Richter...Il faut y voir non pas de la jalousie mais une passion incroyable pour la modernité musicale de son temps.
L'ouvrage est riche mais réellement pointu. Il est entouré d'un exceptionnel appareil critique d'une solidité à toute épreuve. Il est par ailleurs accompagné de 2 cds passionnants dans lesquels Maria Youdina joue Bach mais aussi Bartok ou Webern...Ce sont des disques de très belle qualité qui témoignent du caractère exceptionnel de cet ouvrage très beau, très élégant, volumineux et d'un rapport qualité-prix finalement exceptionnel.
L'ouvrage peut se lire également comme un témoignage original sur l'URSS de cette époque. D'abord il y a cette correspondance assez libre sur certains aspects. Fut-elle ouverte et espionnée ? En tout cas elle est parvenue à ses destinataires. Et puis il y a l'arlésienne du livre, un concert à Paris sans cesse reporté qui montre la difficulté de sortir de cette prison à ciel ouvert qu"était alors l'URSS malgré le dégel en cours...Il y aurait également un travail à faire sur la perception de la musique sérielle en URSS. Elle est incroyablement au courant et passionnée. Quelle était l'ampleur de ce goût en URSS, sachant que l'on était alors loin du réalisme socialiste...Les sympathies d'extrême-gauche de Boulez et certains de ses collègues ont-elles joué un rôle dans une certaine vision favorable de leur oeuvre à rebours des canons artistiques en vigueur en URSS ? Loin des clichés sur l'âme russe le portrait d'une femme incroyablement exigeante se dessine. Je ne connaissais sur elle que son nom et une chanson banale de la Grande Sophie. J'avais tort. Après Ashkenazy, Richter ou Guilels mon panthéon pianistique russe s'est donc étoffé de cette belle voix singulière. Je continuerai d'adorer Rachmaninov ou Prokoviev (peu épargné lui aussi dans ce livre) mais sors passionné de ce contrechamp. Merci encore Babelio ! Et si ces sujets vous intéressent je vous garantis que vous ne serez pas déçus.
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