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Critique de paroles


Ce n'est pas le contexte historique et géographique (que j'ai eu beaucoup de mal à situer : 1919, guerre civile aux confins des Pays baltes et de la Russie) qui attire l'attention ici, mais la prodigieuse étude de caractère des personnages, surtout celle du narrateur Eric von Lhomond.

Quel personnage incroyable, froid, calculateur, insondable parfois, colérique, en parfaite harmonie avec la guerre qu'il essuie. Ne sachant véritablement plus distinguer les valeurs humaines, ni croire en l'homme ou en la femme.

C'est depuis le château délabré de Kratovicé, devenue forteresse assiégée, où il a passé ses vacances avec Conrad et sa soeur Sophie, que Lhomond est en garnison pour combattre les bolchéviques.
La guerre est longue, lassante. Les conditions climatiques difficiles. La faim, l'ennui règnent pesamment sur ce décor lugubre. Mais le combat le plus intense est celui qui oppose Sophie à Lhomond. Sophie est amoureuse, prête à se donner, capable des pires folies pour faire réagir son bel officier. Et celui-ci la dédaigne, la repousse, la méprise aussi...

Les trois héros de ce court roman sont jeunes, beaux et issus d'une vieille aristocratie ruinée. Les descriptions de Conrad et Sophie ne reflètent pas leur genre. Conrad est quelqu'un de doux et gracieux alors que sa soeur est plutôt volcanique et lourdaude. du moins est-ce ainsi qu'Eric nous les dévoile. Ce qui laisse penser que celui-ci est bien plus attiré par le frère que par la soeur, mais sans jamais se l'avouer vraiment.
Eric von Lhomond, au-delà de ce cynisme voulu et cultivé, est d'une infinie lucidité sur lui-même et combat autant l'ennemi guerrier que l'amour qui pourrait le faire fléchir.

Ce récit prend le lecteur pour témoin de cette longue montée émotionnelle jusqu'au drame final, de ces ravages psychiques et physiques causés par la guerre. Un récit poignant qui laisse dans la mémoire une trace marquante bien après la fin de la lecture.
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