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Critique de MissJZB


J'attendais ce roman avec beaucoup d'impatience car la couverture (superbe !) et le résumé promettaient un univers « timburtionnien » : opressant et macabre à souhait. Hélas, même si L'échange reste un bon livre, je déplore d'être restée en marge du récit, à le contempler comme une bête curieuse, durant toute la première partie, soit pas loin de 100 pages. Et ce constat vient un peu ternir mon avis, qui demeure toutefois positif, même s'il s'en est fallu de peu pour qu'il en aille autrement.

Mackie Doyle est un adolescent pas comme les autres, qui se sent mal dans sa peau, et pas à cause d'un simple petit bouton d'acnée ou d'un amour contrarié. Car Mackie est en réalité un usurpateur, un changelin, c'est-à-dire un être issu d'un monde souterrain glauque et froid. Il a été échangé à la naissance et a donc grandi au sein de la famille Doyle, aimé par ses parents, mais surtout par sa soeur, Emma.

Dans une première partie, nous découvrons ce qu'est sa vie de tous les jours, combien il lui est difficile de se fondre dans la masse alors que le moindre morceau de fer ou la plus petite goutte de sang est susceptible de le vider de ses forces au point de lui faire tourner de l'oeil. Outre cela, Mackie est le fils d'un pasteur, pointé du doigt par toute une communcauté religieuse, il ne peut pas se permettre d'être bizarre. Il s'agit là d'une situation assez cocasse, qui ne facilite clairement pas la vie du jeune homme. Heureusement, son père a tout prévu. Mackie peut donner le change en allant à des cours de catéchisme sur une partie de l'église non consacrée. Au quotidien, sa famille met tout en oeuvre pour l'aider, en utilisant des couverts plastiques et en gardant sous la main une trousse de secours pour les bobos domestiques.

Si j'ai apprécié de découvrir les contraintes de la vie de Mackie -en dépit du fait que le jeune homme se lamente beaucoup-, j'ai malheureusement trouvé la partie une si longue qu'elle en est devenue répététitive et lassante. On sent la volonté de l'auteure de nous exposer tous ces automatismes que doit respecter son héros, mais il y a du coup un manque d'émotion dans le récit. On en vient à se demander si ce n'est pas Mackie qui est un peu froid, incapable de faire aboutir un sentiment, juste en mesure de nous dire abruptement qu'il est là, sans que cela soit amené de manière construite. Quand on lit la suite du livre, on en vient à se dire qu'elle n'a presque rien à voir avec la précédente. Même l'écriture, qui paraissait relativement simpliste, évolue et gagne en profondeur.

Dès la deuxième partie, on entre dans le vif du sujet en découvrant le monde que Mackie n'aurait jamais dû quitter : la maison du Chaos dirigée par la Morrigane. Il y a une originalité certaine dans la manière de traiter ce personnage qui nous apparaît sous les traits d'une enfant tout de rose vêtue, et il n'y a que ses dents pointues pour trahir son passé de guerrière impitoyable. le pacte qu'elle lui propose paraît de prime abord assez incongru, mais il permet d'apporter une belle touche de lyrisme grâce à la musique, peu exploitée dans la première partie, alors que Mackie se révèle être un musicien de talent capable de captiver son auditoire... Soit...

Par la suite, Mackie prend confiance en lui, se laissant aller à l'amour dans les bras de Tate, une adolescente écorchée qui se refuse à croire que sa soeur est morte. Car la ville de Gentry cache de sombres secrets. Des enfants disparaissent et sont remplacés par des êtres comme Mackie, condamnés à mourir. Mais que deviennent les petits humains enlevés ? le fil conducteur nous est dévoilé, et on le remonte pas à pas avec notre jeune héros qui décide de ne pas fermer les yeux par amour, au risque de se mettre dans la ligne de mire de la méchante de l'histoire, la soeur de la Morrigane, nommée la Dame.

Dans ce roman, les valeurs familiales sont mises à l'honneur, et la relation qui nous touche le plus (la seule me concernant), c'est celle de Mackie avec sa soeur, Emma. Il y a des passages poignants lorsque Mackie avoue à sa soeur que c'est elle qui l'a maintenu en vie durant toutes ces années. Il y aussi de belles démonstrations d'amitié de la part de Roswell, fidèle au poste, qui ne pose pas trop de questions. Tous ces sentiments superbement exposés parviennent à contrebalancer l'inhumanité de la maison du chaos qui devient aussi cruelle que la Dame en la laissant s'adonner à d'horribles rituels. Jusqu'à la fin, tout est bien amené, on se dirige vers un dénouement très mature. A posteriori, on a garde tout de même un sentiment mitigé tant l'auteure n'a pas développé son histoire de manière suffisamment aboutie.
Côté amour, petit bémol concernant Mackie qui voit de la beauté chez presque chaque femme qu'il rencontre, nous perdant un peu sur la force de ses sentiments concernant Tate. La relation sort un peu du chapeau, dans le sens où on ne saisit pas bien quand le désir s'est mué en plus que ça, mais heureusement leurs rapprochements sont maladroits et francs, et donc touchants, ce qui correspond bien à leurs deux tempéraments.

Le cadre mystique est pesant, car très bien dépeint. L'auteure s'est clairement influencée des mythes irlandais avec le changelin, la Morrigane et même le nom de famille de Mackie qui signifie « le sombre ». Elle a bien su utiliser cette mythologie en rendant son récit suffisamment noir pour offrir un univers oppressant et macabre, qui saura séduire bon nombre d'adultes.

Voici donc un bon livre qui met beaucoup de temps (peut-être trop...) avant de captiver le lecteur, qui reste assez nébuleux dans l'ensemble, mais qui vaut la peine d'être lu pour l'ambiance macabre et le bon usage fait du folklore irlandais.
Lien : http://www.place-to-be.fr/in..
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