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Critique de Elamia


Ce roman me laisse un sentiment étrange. Comme si j'avais arpenté un rêve sans jamais vraiment rentrer dans l'histoire. Peut-être est-ce dû à la narration, qui m'a parue décousue à certains moments ou à un manque d'émotions. Je ne me suis pas particulièrement attachée aux personnages, et l'histoire ne m'a touchée plus que ça. D'une manière générale, c'est comme si ce livre n'avait pas eu d'impact sur moi, comme si je n'avais fait que survoler des lignes de texte.

Et pourtant, j'ai tout de même apprécié l'atmosphère particulière qui s'en dégage. Une ambiance nostalgique, à la limite du gothique, dû à un aspect sombre des décors, à la musique rock qui tient une place importante dans l'intrigue. L'action prend place en plein mois d'octobre, à l'approche d'Halloween, la pluie tombe en abondance, le ciel est gris, les masques et les citrouilles ne sont pas loin. Tout cela participe à créer une atmosphère appropriée, parfaitement en accord avec le thème plutôt obscur et sombre du récit.

Toute l'intrigue et l'intérêt de ce roman repose sur un mythe du folklore celte assez connu. Selon les anciennes traditions païennes, les gens faisaient des offrandes au Petit Peuple, (nourriture, bol de lait) afin de rentrer dans les bonnes grâces des Fées et se prémunir de leurs sortilèges. Ces dernières pouvaient parfois échanger des nourrissons humains au berceau, et les remplacer par leurs propres nouveaux-nés. Les enfants changelins, élevés parmi les mortels, ne perdaient pas pour autant leur nature originelle et la magie qui coulait dans leurs veines restait perceptible. C'est donc une version moderne et contemporaine de cette légende que l'on retrouve ici. En revanche, le Merveilleux est loin puisque les fées ont été remplacées par un peuple très étrange, tenant à la fois des zombies et des goules. le héros même de cette histoire, Mackie, appartient à ce peuple. S'il lui est très difficile de mener une existence normale, en raison de ses sens beaucoup trop aiguisés, et d'une intolérance au fer, il est quand même entouré par l'amour de sa famille et de ses amis. Il réside à Gentry, ville en proie à des enlèvements d'enfants, mais dont les habitants se contentent de leur sort, ils sont comme amorphes, et tentent vainement de se protéger avec des amulettes de leur invention. On baigne donc à travers cette histoire, dans un climat empli de superstitions et de mysticisme. Comme dans la mythologie celtique, la ville de Gentry, est séparé en deux mondes bien distincts : celui des Vivants et celui des Morts. C'est à Mackie qu'il appartient de lever le voile et de faire cohabiter harmonieusement les deux communautés. En effet, l'objet de sa quête sera de tenter de mettre fin à ces enlèvements d'enfants et de trouver un terrain d'entente avec son peuple d'origine. Cela lui permettra peut-être de trouver sa véritable nature et de savoir à quel monde il appartient véritablement.

Narrativement, je trouve que le récit a de lourdes faiblesses, certains évènements arrivent un peu comme des cheveux sur la soupe. L'intrigue manque de profondeur, certains personnages (notamment la Dame) ne sont pas exploités à leur juste valeur. Les références aux traditions ancestrales sont nombreuses, on retrouve donc comme je l'ai dit plus haut, cette fameuse superstition concernant les nouveaux-nés, mais également une incarnation de la Déesse Morrigan, ici, représentée par une petite-fille aux traits diaboliques (ce que je n'ai pas bien compris d'ailleurs...). Il est paradoxal que Mackie arrive à survivre grâce à l'aubépine, ce buisson connu pour faire partie du bosquet des fées, dont elles interdisent l'utilisation aux humains, hormis en certaines occasions.
Mise à part de nombreuses références relativement bien documentées et éclairées sur les traditions celtiques, l'intrigue en elle même est assez décevante. Cette histoire ainsi que ses personnages n'ont rien d'exceptionnel. Les relations entre les protagonistes restent assez plates et sans grande saveur. Quant au dénouement, et bien que dire ? Il est prévisible au possible et j'irais même jusqu'à dire qu'il est décevant.

Finalement, j'ai bien aimé cet aspect mystique du roman. Explorer le folklore anglo-saxon était une excellente idée, mais personnellement, je ne suis pas convaincue par cette réinterprétation assez malsaine. Je n'ai pas non plus complètement adhéré à la vision de Brenna Yovanoff concernant Morrigan. La grande faiblesse de ce récit est son manque cruel de profondeur et d'impulsion. L'intrigue ne décolle jamais vraiment et les émotions peinent à se manifester.
Je ne pense pas que cette histoire me reste en mémoire très longtemps, puisque qu'elle n'a pas réussi à me marquer. En revanche, il y a de bonnes idées en matière de décor, et j'ai énormément apprécié cette sorte de réécriture moderne d'une ancienne croyance. Même si le côté sombre ne m'a pas enchantée, il a le mérite de m'avoir rappelé de bons souvenirs. Je pense que j'aurais nettement plus apprécié ce livre pendant mon adolescence, lorsque j'étais moi même fan de groupes de métal à la Nine Inch Nails. La quatrième de couverture nous apprend que Brenna Yovanoff est une adepte de jeux vidéo, et son écriture en est fortement influencée. La musique qui tient une place de choix dans l'histoire, rappelle indéniablement Guitar hero, tandis que les créatures mises en scène, ont l'air tout droit sorties d'un jeu à la Left 4 dead. On ressent donc à travers ce roman, les goûts personnels de l'auteure et c'est à mon sens une bonne chose, de transmettre ses propres inclinations affectives, au travers d'un roman. Je pense que ce style plaira surtout à des adolescents ou à de très jeunes adultes.
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