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Critique de Charybde2


Le poème en prose du langage comme incompréhension radicale.

Premier roman de Catherine Ysmal, paru en 2013 chez Quidam Editeur, « Irène, Nestor et la vérité » propose, à travers l'imbrication de trois phénoménaux monologues, une mise en scène vertigineuse de l'incompréhension destructrice des êtres, ici au sein d'un couple, plus généralement dès qu'il y a tentative d'utiliser le langage pour communiquer, en en espérant une illusoire objectivité.

Couple en cours de désagrégation, Irène et Nestor parlent. Pas ensemble, impossibilité fondamentale, mais chacun pour soi, sous l'oeil de Pierrot, voisin, ami, coupable peut-être, par action ou par omission. Reclus dans cette modeste maison de la campagne, sans doute suite à des déboires socio-économiques qui ne seront que fugitivement évoqués, ils s'approprient tour à tour, chacun à sa « façon » bien particulière, lexique et syntaxe, au service de leurs quêtes respectives, liberté, besoin de poésie et d'inconséquence qui iront vers ce qu'il est convenu d'appeler la folie chez Irène, normalité égoïstement sourde, désir de rigueur raide, auto-justification rassise chez Nestor, peut-être jusqu'à la dépression ou au suicide, qui sait ?

Sur la toile de fond impitoyable d'un quotidien secrétant à l'envi ses innombrables frictions, énervements, manies en trajectoire de collision et petits chocs des malentendus qui s'accumulent jusqu'à acquérir un élan irréparable, Catherine Ysmal a construit deux terrifiantes et belles fuites langagières dans la perte du sens, autour d'un tiers axe impassible et dépassé, dessinant au fil des pages la double spirale de l'ADN de l'incommunication.

Troublant, puissant et magnifique.
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