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Critique de fuji


L'ombre et la grâce
Le chapitre d'ouverture est une véritable mise à nu de l'adolescente, en langage aussi cru que le petit ami est rugueux, en mots de guerre pour se défaire de l'emprise, en coup de poing pour dire la solitude face au monde des adultes qui ne voit rien.
La mécanique des gestes rudes et maladroits qui vont laisser une empreinte profonde aussi bien dans le corps que dans l'âme. Il faudra des années pour délier cet épisode et sa solitude.
C'est bien une bande-son que nous offre Carole sur cette période si particulière de l'adolescence.
Les mots vibrent, tourbillonnent, nous emportent quel que soit notre vécu, ils résonnent en nous, disent les fragilités, les dangers, l'éveil à la vie et au monde qui nous entoure, le regard sur nos parents qui change, la conscience politique qui s'acquière, la fierté du premier boulot d'été qui nous donne la fierté du sentiment d'être utile et de changer de statut.
L'importance du NOUS, l'appartenance au petit groupe des meilleures amies, l'acceptation de celui des petits copains.
Ce sont des années où tout tangue, les certitudes que l'on croit acquises dans le milieu familial, la découverte du fonctionnement de la famille des copines.
Et ce sentiment fort que les adultes « nous ont propulsés responsables en nous confiant la liberté ».
C'est souvent lourd, car le regard des adolescents est souvent au premier degré sur le monde. Et chaque expérience est une véritable aventure.
Mais il y a ces petits cailloux qui sur la route sont des jalons…
« Mon père cet homme pudique et sensible, ne fait notre éducation qu'ainsi : en plaçant sur ma route et celle de ma soeur des artistes, écrivains, musiciens — à ma mère qui, de toute façon partage ses engouements, il laisse peintres et sculpteurs. »
La fluidité de son écriture est sonore et dans cette musique qui nous est offerte, nous sommes emportés et heurtés comme si soudain le batteur jouant de la grosse caisse s'était égaré dans un ensemble de musique de chambre.
Chaque période a sa musique, il faut avoir le talent de l'auteur pour écrire une mise à nu qui alterne mots crus et délicatesse, ses mots sont de véritables notes de musique.
Du souvenir des musiques qui ont jalonnées cette période, se dessinent des brouillons imposés ou choisis qui nous font traverser le pont de l'enfance à l'âge adulte.
J'ai écouté chaque morceau correspondant au chapitre, très émouvant et nostalgique, car il y a ce ressenti des troubles et des forces qui nous forgent.
Serions-nous les mêmes, sans ce parcours-là ?
Une fois de plus en refermant le livre de Carole, j'emploie le nous même si les parcours sont différents, chaque lecteur peut y retrouver de lui, car c'est une force de la belle littérature.
Qu'il est beau cet objet-livre reçu en avant-première, une édition soignée, un véritable écrin pour la plume de Carole Zalberg que j'aime tant. Un immense merci à l'auteur et la maison d'édition pour ce privilège.
©Chantal Lafon
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