« Ton paradis est sous les pieds de ton époux . »
Dans l'ascenseur, j'ai tourné le dos au miroir. l'ombre noire qui s'y reflétait me faisait peur, c'était une inconnue menaçante, une inconnue sans identité, ce n'était pas moi.
J'ai dénoué le carré de mousseline qui cachait mes yeux, j'ai soulevé le voile de mon niqab. C'est dans leurs regards que j'ai vu ce visage violacé par les coups qui était le mien. Dans le tressaillement que l'une d'elles a tenté trop tard d'étouffer. Je leur ai raconté mon histoire , je leur ai demandé de l'aide.
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Lui savait comment me sauver, il affirmait qu'il me suffisait de me soumettre à lui :
- Ton Paradis est sous les pieds de ton époux.
Il me restait à poser le dernier accessoire : le carré de mousseline muni de deux rubans à nouer à l'arrière de la tête. Je l'ai plaqué sur mon front, les rubans filaient entre mes doigts gantés. Je m'y suis reprise à plusieurs fois, je m'énervais, je ne parvenais pas à serrer le noeud, je ne voyais plus rien dans la pénombre de la chambre, le carré est tombé par terre, je me suis accroupie, j'ai sangloté. J'étais aveuglée par mes larmes. Au bout de quelques minutes, j'ai senti des mains qui frôlaient ma nuque. Mon mari venait de nouer le carré. Je me suis levée, je l'ai machinalement remercié.