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Critique de bdelhausse


Bri raconte ses dernières heures. Atteinte aux poumons, le pronostic est sans appel. C'est la fin. Entourée de ses deux filles, et de l'équipe soignante de l'hôpital qu'elle côtoie depuis plus de 15 ans, elle va être euthanasiée.

L'euthanasie en Allemagne, c'est une hypocrisie consternante. le médecin montre aux proches les "gestes à faire"... et il se retire. Les gestes? Retirer le masque à oxygène, laisser la malade s'étouffer doucement, et augmenter la dose de morphine pour qu'elle ne souffre pas trop. En prévision de ces derniers instants, on aura veillé à sous-hydrater la malade, car on ressent moins la douleur en cas de sous-hydratation...

Ces gestes, ce sont les filles de Bri qui vont les accomplir... ou du moins, c'est ce qu'elles projettent. Mais c'est complexe. Impossible. Comment mettre fin à l'existence de sa propre mère? Alors, c'est le médecin qui passe, en catimini, et "soulage" tout le monde. Les filles ont pris soin de prévenir tous les proches pour qu'ils passent pour un dernier au revoir.

Dit comme cela, c'est pesant, lourd et indigeste. On ne va pas se cacher la vérité non plus. Une euthanasie, ce n'est pas la kermesse aux boudins.

Zelba est la fille de Bri. C'est dire si le récit pourrait être chargé d'émotions impossibles à gérer pour le lecteur. Mais non. Elle fait un gros travail sur le récit pour que les choses soient assimilables aisément. L'humour est omniprésent. Les larmes aussi, mais ce sont des larmes d'amour. Zelba va aussi entrecouper l'euthanasie de moments divers, comme le remariage de leur père, l'évocation de moments forts de leur jeunesse, des moments intimes entre soeurs... le mot est lâché donc: intime... Oui, il y a une sorte d'intimité dans le récit de Zelba, car ce sont des moments qui appartiennent à celles et ceux qui les vivent.

Mais la force de Zelba est -justement- de rendre cette intimité universelle. La gestation de cette BD a duré 13 ans, c'est le jour de la mort de Vincent Lambert, le 11 juillet 2019 que Zelba décide de raconter son expérience, son vécu. Elle accomplit un tour de force considérable qui apporte ce supplément d'humanité que je recherche dans toute lecture. Pour avoir vécu plusieurs fins de vie dans des conditions les plus diverses, j'ai trouvé dans le récit de Zelba un souffle rassurant, une force tranquille, une empathie dont devraient s'inspirer beaucoup de médecins, qu'ils soient oncologues ou généralistes.
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