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Critique de cecilestmartin


J'attendais avec impatience de débuter la lecture du dernier livre d'Alice Zeniter. Comme beaucoup, j'avais eu un gros coup de coeur pour L'art de perdre et c'est tout à fait confiante que j'ai acheté le roman, lisant à peine la quatrième de couverture.
J'ai mis presqu'une semaine à l'achever, alors même que j'étais en vacances, le délaissant pour me plonger avec délices dans L'arabe du futur… Je débute très rarement deux livres à la fois et cela aurait dû me mettre la puce à l'oreille.
D'abord séduite par le fait que le roman se déroule en 2019, soit dans un contexte social et politique très proche dont chacun garde un souvenir assez vif, j'ai ensuite eu l'impression de lire une rétrospective de cette année-là. Les gilets jaunes, le grand débat national, les élections européennes, le déclin du parti socialiste, les violences faites aux femmes : tout est passé à la loupe par l'auteur et l'analyse est plutôt fine (et je la partage dans ses grandes lignes).
Alice Zeniter fait également preuve de pédagogie en décrivant le monde assez opaque des lanceurs d'alerte et autres petits génies de l'informatique qui utilisent l'outil pour dénoncer ou mettre à jour manipulations politiques et toutes formes d'oppression. Mais là encore, j'ai été un peu lassée par les références et explications.
Les deux personnages principaux – Antoine, assistant parlementaire d'un député socialiste et L., jeune hackeuse, plutôt atypiques tant dans leur activité que par leur trajectoire et personnalité - offraient à l'auteur de belles possibilités dont, il me semble, elle ne s'est pas saisie pour générer chez le lecteur de la sympathie, si ce n'est de l'empathie. L'origine de leur mal-être est bien amenée, chirurgicalement traitée même : L., jeune femme d'origine maghrébine dont on imagine les difficultés à s'intégrer socialement (et, en cela, les passages sur les petits boulots dans lesquels on apprend surtout la soumission sont vraiment percutants) et Antoine, issu d'un milieu qui ne le prépare pas à côtoyer les « élites », qui est écartelé entre ses convictions, son désir de s'intégrer et d'être reconnu par des gens pour lesquels il n'a pas forcément d'estime. J'ai été sensible à la métaphore du monde du dedans et du dehors que chacun incarne de façon différente, mais toujours dans la douleur. Mais j'ai attendu l'émotion, tenté sans y parvenir, comme les personnages, d'être dedans, je crains de n'y être presque jamais arrivée. La plume, toujours aussi vive et habile de l'auteur, n'a pas suffi à ce que j'éprouve vraiment de l'intérêt pour les personnages.
Ici, le message social, la volonté de dénoncer les errements du monde politique, toujours tiraillé entre convictions et calculs électoraux, ou de mettre en lumière différentes formes de lutte prennent le pas – ce n'est que mon avis – sur la dimension romanesque. C'est intelligent, nuancé et le propos est propice à la réflexion mais l'équilibre est rompu. Trop de dissertation nuit un peu à l'histoire elle-même, à laquelle j'ai peiné à m'intéresser.

Je reste néanmoins une grande admiratrice d'Alice Zeniter et je serai au rendez-vous de son prochain roman 😊.

Challenge ABC – 2020/2021
Challenge MULTI-DEFIS 2021
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