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Critique de alainmartinez


Pour cette rentrée littéraire 2017, Alice Zeniter nous propose un très beau roman sur la recherche d'identité et de ses racines. Plus de cinquante ans après la fin de la guerre d'Algérie et des accords d'Évian, c'est avec un roman que l'auteure a choisi de raconter l'histoire des harkis et de leurs familles, ces Français musulmans qui ont choisi la France plutôt que l'Algérie.

Trois générations, trois personnages, Ali, Hamid et Naïma.
Naïma, la narratrice conte l'histoire de sa famille, la famille Zekkar. Cela commence par son grand-père, Ali, producteur d'huile d'olive, notable de son village en Kabylie. Sa vie en Algérie dans les années 40 et 50, la guerre d'indépendance, son dilemme et son engagement aux cotés des Français, le côté des perdants. Et puis : la fuite, le bateau, Alger-Marseille, les centres d'accueil, le camp de transit de Rivesaltes, l'installation en HLM en Normandie. Son changement de statut, de notable à simple ouvrier illettré, « Je suis devenu jayah. C'est comme cela qu'on désigne l'animal qui s'est éloigné du troupeau et l'émigré qui a coupé les liens avec la communauté. Jayah, c'est la brebis galeuse. Celui qui n'a plus rien à apporter au groupe, qu'il s'agisse de la famille, du clan ou du village. Jayah, c'est un statut honteux, une déchéance, une catastrophe. C'est ce que ressent Ali. La France est un monde-piège dans lequel il s'est perdu. ».
Elle raconte le combat d'Hamid, son père, fils ainé d'Ali, qui ressent la honte de son père et fera tout pour se détacher de sa famille et de son passé.
Naïma relate aussi ses difficultés en tant que personne issue de la troisième génération. le sang algérien qui coule dans ses veines, son éducation française. le poids du passé que sa famille a tout fait pour oublier, sa vie de femme moderne et occidentale.

« L'art de perdre » est une grande fresque familiale qui nous entraine de l'Algérie coloniale à la France d'aujourd'hui. Mais derrière cette histoire, Alice Zeniter nous parle des difficultés de l'intégration. Elle rend un hommage aux harkis et pose des questions sur leurs engagements et leurs répercussions.
Déjà primé par le Prix Littéraire le Monde. Ce roman est aussi présent dans les sélections pour le Prix Goncourt, le Prix Femina et le Grand Prix du Roman de l'Académie française. Un roman à lire !
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