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Critique de JeanRene43


L'art de perdre débute par un événement invraisemblable : un pressoir à huile descend une rivière tumultueuse. Il devient le début de la réussite sociale d'Ali. Aussi tout lecteur non averti peut-il s'interroger sur le sérieux et la profondeur de la suite ? En effet le village d'Ali n'est pas très éloigné des crêtes du massif montagneux et alors que vient faire un pressoir à huile issu d'un univers minéral ? Quand bien même il y aurait un pressoir près de la source de cette rivière, le propriétaire le laisserait-il partir sans tenter de le retrouver ? Pour le moins ce n'est pas un début crédible. Il fallait un prétexte pour enrichir un pauvre paysan destiné à s'user dans quelques lopins de terre. Ne cherchons pas davantage ! La guerre d'indépendance, la division du peuple algérien, la terreur et les massacres fin des années 50 vont malheureusement anéantir cette richesse et bien d'autres destins. Ali a dû tout abandonner et s'enfuir en France pour sauver sa vie, celle de ses enfants et de son épouse. Cette oeuvre sur fond historique revient sur l'horreur imposée à ces braves gens, l'essentiel du peuple, pauvre et laborieux, qui ne demandaient qu'à rester hors du confit mais cependant dans l'impossibilité de s'en écarter. Etre dans un camp, celui du FLN ou celui de la France est souvent le résultat du hasard ou la volonté de protéger les siens. Une simple convocation à se rendre à la gendarmerie ou à la caserne militaire faisait de vous un potientiel suspect pour le FLN pire une menace pour eux, aussi l'engrenage avait-il débuté... Combien d'amis de la France n'ont pas eu la chance d'Ali ? Ce n'est pas cette dimension qui est abordée, d'ailleurs ce n'est pas un livre d'Histoire de France ou de l'Algérie. Non, l'auteur veut nous faire revivre à travers ses personnages de fiction, l'humiliation, le long tortueux voire douloureux parcours de cette famille pour s'intégrer en France. Si la vie des harkis qui ont eu le privilège de sauver leur peau est à l'image de celle d'Ali et de sa famille. Alors combien la France a-t-elle failli ? L'auteur ne juge pas, elle se limite à raconter l'histoire de cette famille sur trois générations: celle d'Ali et de son épouse, celle de ses enfants et enfin celle de ses petits-enfants. C'est un chef d'oeuvre qui mérite ses récompenses, qui est utile, qui rend témoignage à toutes les vies brisées et qui finalement devrait ouvrir les esprits et les coeurs à la tolérance et à l'espoir....
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