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Critique de Bouteyalamer


Menacé par le FLN, Ali descend de son hameau kabyle pour chercher protection en ville mais se compromet en contactant l'armée. Il ne peut obtenir le pardon de cette forfaiture car les insurgés le conditionnent à l'assassinat d'un officier. Il émigre en France dans des conditions périlleuses, est interné avec sa famille au camp de Rivesaltes, puis confiné dans un hameau de forestage avant d'atterrir dans une barre HLM. Sa fuite et l'année de son exil — 1962 — le désignent comme harki. Il est moralement détruit par la perte de sa maison et de sa culture, par son illettrisme, et par le renversement de la hiérarchie familiale — son fils Hamid parle bien mieux français et lui sert d'intermédiaire. Après 200 pages quasi documentaires, illustration discrètement romancée d'un constat ethnologique et historique, un deuxième temps du livre est l'acculturation et l'ascension sociale de Hamid dans une petite ville de Normandie. La troisième partie, la plus longue mais aussi la plus souple dans l'écriture, la plus subtile aussi, est la vie parisienne de sa petite-fille Naïma, personnage dominant et porte-parole de l'auteure qui se prend à parler à la première ou à la troisième personne. Étrange rupture de ton. On apprend dans la première partie, on se projette dans la dernière qui pourrait être écrite par narrateur différent. Pudeur dans la présentation du grand-père humilié ou habileté littéraire ?

Père, fils et petite-fille connaissent le racisme, un racisme de basse intensité mais persistant, ravivé par les attentats de 2013 ; le premier le subit, le second contre-attaque, la troisième tourne les racistes en dérision. Naïma sera la première à retourner en Algérie, au village de la montagne, non sans crainte et non sans bonheur, bouclant l'histoire familiale. Symboliquement, les mêmes phrases sont répétées à la première et à la dernière page de l'histoire de Naïma.

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